(Agence Ecofin) - Au Cameroun, le britannique Globeleq ne veut plus attendre le délai de 48 mois convenu avec Eneo, le distributeur d’électricité, pour le règlement des factures de fourniture d’énergie dues par ce dernier.
Selon les informations d’Investir au Cameroun, le producteur indépendant d’électricité Globeleq, à travers ses filiales Kribi Power Development Corporation (KPDC) et Dibamba Power Development Corporation (DPDC), a mandaté BGFIBank Cameroun pour arranger l’opération de cession de ses créances sur Eneo. D’un montant de près de 83 milliards FCFA (153,1 milliards $), elles représentent les impayés des factures d’énergie accumulées entre 2015 et 2020 par le distributeur exclusif de l’électricité dans le pays. Il faut dire qu’une partie de l’électricité vendue par Eneo est fournie par Globeleq (17% en 2019).
En fin 2020, Eneo s’est engagée à régler cette dette dans un délai de 48 mois, selon sa direction générale. Mais visiblement Globeleq ne veut plus attendre. A en croire le producteur indépendant d’électricité, cette « trésorerie est indispensable au bon développement de ses activités ». Pour comprendre, il faut savoir que ces créances, selon les chiffres du groupe, dépassent de près 20 milliards FCFA le résultat net cumulé par ses deux filiales (KPDC et DPDC) au cours des trois dernières années.
Opportunité
Cette opération, confirmée par le directeur général d’Eneo, Eric Mansuy, est une opportunité pour la filiale camerounaise du groupe bancaire panafricain BGFI Bank et les banques qui vont s’y associer. Elles devraient acquérir les créances de Globeleq avec une décote (c’est-à-dire à une somme de plusieurs milliards inférieure aux 83 milliards FCFA). En plus, en permettant à Eneo de rembourser cette dette sur une période plus longue que les 48 mois initiaux, elles devraient encore engranger des intérêts chaque année durant la période d’amortissement.
Il faut attendre la conclusion des discussions, qui, il y a une dizaine de jours, étaient encore « à un stade préliminaire », selon Eric Mansuy, pour avoir une idée claire sur ce que vont obtenir les banques. Néanmoins, en analysant les conditions actuelles du marché du crédit, les établissements de crédit qui vont s’engager pourraient à terme empocher plusieurs dizaines de milliards FCFA pour une prise de risque contrôlée.
En effet, le secteur de l’électricité est rentable. Et Eneo planche même sur un bénéfice net cumulé de près de 165 milliards FCFA entre 2021 et 2025. L’Etat, qui contrôle à 45% le distributeur exclusif de l’électricité, travaille désormais à rétablir l’équilibre financier du secteur. Il a pris l’engagement de verser chaque semaine à Eneo un milliard de francs CFA au titre de sa consommation d’électricité pour éviter d’accumuler comme par le passé des arriérés. Avec un paiement de 45 milliards FCFA en 2020, il a en plus commencé à apurer sa dette vis-à-vis de l’électricien.
Préalables
Par ailleurs, l’Etat a commencé à prendre des mesures considérées par Eneo comme des « préalables importants » à la conclusion de l’opération de cession des créances de Globeleq. En effet, en fin de semaine dernière, le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, a signé le document consacrant la reprise par l’Etat, de la dette du producteur d’aluminium Alucam vis-à-vis d’Eneo, d’un montant de plus de 50 milliards FCFA.
La conclusion des discussions pour le versement d’environ 32 milliards FCFA en vue de régler une partie de la dette de l’Etat due à Eneo, estimée, à fin 2020, à 40,1 milliards FCFA, serait également un bon signe. Il en est de même de l’achèvement des tractations pour la compensation des investissements non amortis réalisés sur le réseau de transports transféré à Sonatrel. A ce titre, Eneo réclame à l’Etat 40 milliards FCFA.
Aboudi Ottou