(Agence Ecofin) - La question de la définition de l’image de l’Afrique à l’extérieur du continent intéresse de plus en plus. Pour beaucoup, l’image négative du continent est due au fait que les médias étrangers fournissent la majorité de l’information sur le continent. La situation n’est pas aussi simple.
D’après l’ONG Africa No Filter (ANF), l’Afrique ne contrôle toujours pas la façon dont le continent, notamment son actualité, est raconté au monde.
En effet, selon « How African Media Covers Africa », un rapport commandité par l’ANF, un tiers des informations publiées par les médias africains proviennent d’agences de presse étrangères. Selon le rapport, l’AFP et la BBC sont les sources d’un quart des articles des médias africains sur d’autres pays du continent. L’étude conclut que les histoires africaines continuent d’être présentées à travers le prisme des stéréotypes récurrents et idées reçues étrangères sur la pauvreté, la maladie, les conflits, la médiocrité de la gouvernance et la corruption.
L’enquête, menée entre septembre et octobre 2020, a impliqué 60 médias africains issus de 15 pays et dont les journalistes ont été sondés sur plusieurs sujets. S’ils ont évoqué les problèmes récurrents des médias africains comme la baisse des revenus publicitaires, la diminution de rédactions africaines, les interrogés ont également donné des informations intéressantes sur le traitement de l’Afrique dans les médias.
Leurs réponses ont également permis de savoir, par exemple, que peu de médias africains, 37 % selon l’échantillon, avaient des correspondants dans d’autres pays du continent. Mais on retient surtout que le fait que les agences étrangères fournissent les sources de nombreux articles entretient une mauvaise image du continent. Seulement, c’est plus compliqué que ça. 50% des rédacteurs en chef interrogés estiment que leur couverture des pays africains autres que le leur ne contient pas de stéréotypes, ce qui en laisse 50% conscients de reprendre les stéréotypes.
« Les médias ont une énorme influence sur l’établissement de la ligne éditoriale et sur le choix des articles consacrés à l’Afrique. L’enquête a montré clairement que, malgré des années d’indépendance, ce ne sont toujours pas les Africains qui tiennent la plume lorsqu’il s’agit d’écrire les histoires qui les concernent. Plus important encore, au travers des articles que nous partageons dans nos médias, nous continuons à colporter l’image d’une Afrique divisée, dépendante et manquant d’engagement. Il faut que nous reprenions la plume », a commenté Moky Makura (photo), directrice générale d’Africa No Filter.
Servan Ahougnon
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