(Agence Ecofin) - Grains Overseas, la nouvelle plateforme française regroupant certaines activités d’exportation coopérative céréalière InVivo, Axéréal et NatUp, pourrait être insuffisante pour booster la position du blé français en Afrique du Nord.
Annoncée le 11 juillet dernier, cette alliance inédite se veut une réponse à l’influence grandissante de la Russie dans cette partie du continent et, dans une moindre mesure, à celle de l’Ukraine. Elle devrait permettre aux acteurs français de se renforcer pour affronter la concurrence dans des pays comme l’Algérie, le Maroc et l’Egypte, grâce à une meilleure compétitivité/coût et des gains d’efficacité à l’export.
Se confiant à Reuters, les analystes indiquent que le réveil est un peu tardif pour la filière française alors que les parts de marché baissent significativement au Maroc et en Egypte.
Et si la France conserve une avance en Algérie sur la Russie, en raison des restrictions sur les grains punaisés, certains estiment que cela pourrait être de courte durée avec les contraintes budgétaires du pays.
« Le jour où l’Algérie ouvrira son marché à la Russie, le blé français sera condamné. Les coopératives françaises peuvent consolider ce qu’elles veulent, cela ne changera rien si le blé français n’est pas capable de faire le poids, en termes de qualité et de prix avec la céréale provenant de la mer Noire », souligne un négociant.
Pour d’autres, le prix du blé français se situant actuellement entre 170 et 180 euros la tonne pourrait chuter de 10 euros si l’Algérie changeait les conditions de ses appels d’offres.
« Etant donné que nous sommes dans une position fragile aujourd’hui, deux à trois années supplémentaires sans la concurrence des pays de la mer Noire, pourraient aider. Je ne sais pas si nous allons gérer la situation », explique Thierry Blandinières, directeur exécutif d’InVivo.
Interrogé par l’Agence Ecofin, Stéphane Bernhard, ancien directeur d’InVivo Trading, avait souligné la nécessité pour la filière de disposer d’une stratégie à part entière pour les expéditions françaises hors UE.
« Les coopératives doivent aussi aborder les exportations vers les pays tiers comme un enjeu stratégique et réfléchir aux meilleurs moyens pour répondre à la stratégie volontariste de la Russie », affirmait-il.
Espoir Olodo
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