(Agence Ecofin) - En Côte d’Ivoire, le secteur de l’exportation du cacao a connu une forte concentration sur la dernière décennie. Avec la libéralisation de la filière, les multinationales ont accru progressivement leur poids dans la commercialisation au grand dam des acteurs locaux.
En Côte d’Ivoire, la part de la récolte de cacao accordée aux négociants locaux sera moins importante que prévu en 2021/2022. Alors que ceux-ci devraient bénéficier de 20 % de la récolte anticipée, soit environ 400 000 tonnes durant ladite campagne en vertu du décret de l’exécutif adopté en mai dernier, ils ne se contenteront désormais que de 200 000 tonnes.
Cette révision à la baisse s’expliquerait par la faiblesse opérationnelle des opérateurs locaux. En effet, d’après certaines sources proches du dossier au Conseil du Café-Cacao (CCC), les exportateurs n’ont ni les moyens financiers ni la capacité logistique pour faire face aux exigences liées au volume initial qui leur aurait été accordé dans le cadre du coup de pouce de l’Etat.
« Nous avons commencé à allouer des contrats aux exportateurs locaux, mais nous avons réalisé qu’ils ne pouvaient pas expédier les 20 % de la récolte comme l’envisageait le gouvernement. Les banques sont toujours réticentes à financer les exportateurs locaux même quand les contrats internationaux sont là », indiquent des sources.
Dans un tel contexte, le régulateur de la filière a opté pour une réduction du quota afin d’éviter une potentielle nouvelle vague de défauts sur les contrats. Par conséquent, celui-ci pourrait réallouer le reste des contrats prévus pour les négociants locaux aux entreprises transnationales, ce qui renforcera leur poids déjà considérable sur le segment de la commercialisation extérieure de la fève et margineralisera un peu plus les acteurs locaux.
Du côté des analystes, on estime que la décision du CCC est révélatrice du mauvais timing de l’exécutif ivoirien. S’il est salutaire de vouloir accroître le poids des acteurs locaux sur le marché intérieur, il faudrait en amont créer un environnement favorable leur permettant d’avoir des bases solides pour opérer sur un marché concurrentiel où ils doivent faire face à des multinationales qui ont une force de frappe importante aussi bien du point de vue du capital que de la logistique.
Selon certains observateurs, la facilitation de l’octroi de crédits par les banques commerciales privées et la mise en place de lignes de garantie pour la gestion des risques sont notamment quelques conditions indispensables pour pérenniser la participation des exportateurs nationaux à la filière cacao.
Selon les données du gouvernement, le nombre d’opérateurs locaux dans le négoce et la transformation de la fève a déjà baissé de moitié depuis 2016/2017 en raison de difficultés économiques et financières.
Espoir Olodo
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