(Agence Ecofin) - Tout récemment, lorsqu'il s'est retrouvé face à la presse à la suite du comité de politique monétaire de son institution, Patrick Njoroge, le gouverneur de la banque centrale du Kenya a indiqué que, selon les données en leur possession, le secteur industriel est celui qui gonfle le plus l'enveloppe des créances dont le remboursement aux banques est menacé.
Le secteur comptait pour 6,6 milliards de shillings (65,31 millions $) dans l'enveloppe globale de ces créances douteuses à la fin du mois de février 2018. C'est presqu'autant, que la totalité des créances douteuses, du fait des sociétés commerciales (2,7 milliards de shillings), des entreprises immobilières et des ménages (2 milliards de shillings chacun).
La banque centrale kényane semble donner ces précisions, pour rappeler aux banques, surtout commerciales, qu'elles ne doivent pas revoir à la baisse le volume de crédits qu’elles accordent notamment aux ménages, en raison d'un coût du risque (créances douteuses non encore remboursés) qui proviendrait du secteur industriel qui est productif.
Les arbitrages sont très difficiles pour l'institution kényane d'émission de la monnaie. Depuis l'adoption de la loi limitant leur taux d'intérêts, les banques ont tendance à réduire le volume de crédits accordés à l'économie, et les menages en sont les premières victimes. Mais dans le même temps, le pays, pour faire face à ses dettes, doit améliorer sa performance en terme de croissance économique, et souhaite pour cela, activer les leviers de l'investissement et de la consommation. Or selon certains analystes kényans, cela n'est pas facile à réaliser si on ne peut réduire le poids des charges financières pour les entreprises et les menages.
Dans le même temps, il devient urgent de protéger le business de la banque, notamment de détail. Au terme du mois de février, l'encours des créances douteuses au sein du secteur bancaire kényan, a atteint son niveau le plus élevé des 10 dernières années.
Compte tenu de la situation économique du pays, l'entrée en vigueur cette année de la règle comptable IFRS 9, risque de présenter une situation bilancielle beaucoup plus fragile.
Idriss Linge.
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