(Agence Ecofin) - Dans une récente analyse faite sur les banques de moyenne taille au Nigéria, l'agence américaine de notation Moody's estime que leurs fondamentaux continuent d'être solides, même si des fragilités demeurent. L'analyse s'appuie principalement, sur le fait que la croissance sera de nouveau au rendez-vous au sein de l'économie nigériane.
Après la recession (-1,6%) de 2016 et la modeste amélioration (+0,8%) de 2017, le flux de valeur ajoutée crée au Nigéria devrait progresser de 2,8% en 2018 et de 3% en 2019, selon des prévisions de Moody's, qui relfète aussi celles plus récentes du Fonds Monétaire International. Dans le même temps, l'inflation qui avait atteint le pic de 18,5% en 2016, redescendra à un niveau plus modéré de 13,5% en 2018.
Dans ce contexte, il est prévu, que la pression sur la capacité des clients de banques à rembourser leurs crédits, se relâche. Un scénario qui devrait conduire à une réduction du poids des provisionnements sur les créances en difficulté, avec comme conséquence, une amélioration des bénéfices nets.
Mais cette projection positive suppose une bonne dose de patience. La crise économique qui a débuté en 2014 avec la baisse des prix du baril de pétrole (principale source de devises du Nigéria) a laissé des sequelles qui prennent tout leur temps pour disparaître.
Au contraire des 5 plus grosses banques du pays qui peuvent en raison de leurs taille solliciter le marché international de la dette pour financer leurs activités de crédits à l'économie, les banques de moyenne taille s'appuient elles plus fortement sur les dépôts de la clientèle, dont la rémunération devient de plus en plus onéreuse.
Dans ce cas, la hausse des charges d'intérêts sur ces dépôts a de fortes chances de réduire le produit net bancaire (équivalent du résultat brut d'exploitation). Bien qu'en repli, l'inflation demeure à des niveaux importants et réduit la capacité de rembourser de plusieurs millions de clients. Enfin la croissance, bien que de retour, est moins solide que celle des cinq années précédant 2016 (5,6% en moyenne).
Au delà de ces éléments de risque, les banques moyennes du Nigéria sont solidement capitalisées, avec des éléments de solidité au dessus de la norme locale. En plus leurs influence (20%) relativement faible dans le secteur bancaire nigérian, rend facile une intervention du gouvernent, en cas de stress majeur.
Rappellons que parmi ces banques on retrouve Union Bank contrôlée par le canadien Fairfax Africa Holding via Atlas Mara, et Diamond Bank qui compte dans son tour de table, Carlyle Group, un des plus gros investisseurs en capital-investissement dans le monde.
Idriss Linge
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