(Agence Ecofin) - Le premier trimestre 2019 s'est achevé pour les banques cotées du Nairobi Securities Exchange, sur des performances globalement solides, a pu constater l'Agence Ecofin de l'ensemble des informations financières publiées pour la période, par ces établissements financiers.
L'ensemble des revenus par action a connu une progression de 12,2%, comparativement à leur niveau à la même période en 2018. Cette évolution signale une amélioration de la rentabilité dans le secteur, qui a été tirée par un regain de revenus d'intérêts, mais aussi de ceux issus de frais et commissions.
Dans le même temps, on relève que sans forcément réduire significativement le nombre de leurs agences, les banques sont parvenues à faire baisser leurs coûts d’exploitation. Le coefficient d'exploitation qui permet de voir le niveau des dépenses directes sur le produit net bancaire était à 53,5%, à la fin du mois de mars 2019.
C'est la deuxième meilleure performance de cet indicateur depuis l'année 2010. Mais il faut dire qu'en valeur absolue (quantité réellement dépensée), les dépenses générales des banques ont considérablement augmenté, notamment ces deux dernières années, où le secteur bancaire a été contraint de trouver des alternatives sérieuses, face à la concurrence du mobile money et la limitation des taux d'intérêt applicables sur les crédits.
L’ombre menaçante des créances douteuses
D'autres indicateurs comme les dépôts de la clientèle ou encore l'encours des crédits à l'économie ont continué aussi de rester en ligne de croissance. Toutefois, les banques cotées kényanes continuent de faire face à la progression des créances douteuses. A la fin du trimestre, leur encours représentait 10,4%, soit le niveau le plus élevé des dix dernières années.
Même si les fonds propres (parts du bilan d'une banque qui appartiennent à ses investisseurs) affichent une belle progression de 12%, il y a lieu de craindre que la hausse des créances douteuses, dans un environnement de faible croissance pour l'économie réelle, ne devienne un problème à moyen terme.
Les analystes expliquent cette situation élevée des créances douteuses, par l'adoption des nouvelles règles de régulation bancaire (IFRS 9), qui imposent des contraintes plus strictes en matière de provisions et de prise en compte des risques. Un espoir tout de même pour le secteur bancaire, c'est que la limitation des taux d'intérêts sur les crédits risque d'être abandonnée.
Au cours du trimestre en effet, la Cour Suprême du pays a suspendu l'application de cette législation pour la période d'un an. La haute instance estime qu'elle est vague, imprécise et ambiguë. Aussi, le ministère kényan des Finances est revenu à la charge dans le projet de Loi de finances 2019/2020, pour demander la suppression complète de cette loi.
Ces deux évolutions réglementaires pourraient soutenir un regain de performances pour les banques cotées au cours des exercices 2019 et 2020. Ces bonnes nouvelles, couplées à la faible valorisation actuelle des banques, poussent des analystes à anticiper sur des plus-values pour les investisseurs qui comptent les actions de ces établissements dans leurs portefeuilles. Les chiffres du premier semestre seront un indicateur supplémentaire d'appréciation.
Idriss Linge
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