(Agence Ecofin) - La République congolaise a proposé à des banques de la CEMAC qui ont participé à son emprunt obligataire de 2016 remboursable fin 2021, de restructurer le restant dû de 92,5 milliards FCFA. L’offre intervient à un moment où le profil émetteur du pays s’est dégradé.
Des banques commerciales opérant en zone CEMAC sont exposées au risque de défaut de remboursement du montant restant de 92,5 milliards FCFA sur l'emprunt obligataire effectué par la République congolaise en 2016, au taux de 6,5% et dont l'échéance de remboursement est très proche (2021). Un arrangeur a été désigné pour discuter avec ces banques afin de voir comment elles pourraient participer à une émission de titres d'emprunt de 120 milliards FCFA sur le marché monétaire.
L'argument majeur est que la République du Congo, durement frappée par la baisse des prix du pétrole brut, sa principale source de revenus, doit néanmoins mobiliser à court terme des fonds de trésorerie pour financer sa réponse aux conséquences sanitaires du coronavirus. Pour cela, elle joue donc son option de rachat de ses obligations auprès de ses créanciers.
Les banques ont deux jours pour apporter leurs réponses à cette offre. Elles devront parvenir avant le 17 juin (dans deux jours) et de sources crédibles, certains de ces établissements financiers n'étaient pas encore au courant de cette information il y encore quelques jours. La dette publique congolaise est source de stress en ces moments difficiles marqués par une conjoncture internationale. Pour cette opération, les taux proposés vont de 5,9% pour les offres à deux ans, à 6,5% pour celles qui porteront 5 ans de maturité. La réponse des banques sollicitées est à suivre.
Le Congo est actuellement considéré par Moody's comme un émetteur de titre d'emprunt ultra spéculatif ; ce qui se reflète dans sa note Caa2. L'agence de notation dans une analyse publiée le 12 juin 2020 et dont l'Agence Ecofin a eu une copie explique que même avec la suspension du remboursement de sa dette bilatérale dans le cadre de l'initiative du G20, le pays devra encore faire face à un passif supérieur à sa capacité immédiate à rembourser.
A titre de comparaison, le Cameroun un pays voisin mieux noté chez Moody's (B2) a dû n'accepter que 85% des offres des investisseurs sur ses obligations émises mi-mars 2020, en raison des taux d'intérêt élevés exigés par les participants à son offre. Le Congo doit aussi faire face à un différend qui l'oppose à des traders via sa société pétrolière nationale sur une dette dont le montant exact n'est pas connu.
La pression est forte pour les banques sollicitées. Si elles refusent l'offre du gouvernement congolais, elles s’exposent à un risque de défaut de paiement qui ne leur sera pas favorable. Si elles acceptent, elles devront réajuster leurs bilans, surtout que le régulateur du secteur bancaire doit encore donner son accord pour que les nouveaux titres émis n’entraînent pas des contraintes de mettre des fonds de côté, en cas de non-remboursement.
La République congolaise semble consciente de la complexité de l’opération, et a épicé son offre. Les intérêts exonérés de toute taxe seront calculés tous les ans et payés chaque mois ; ce qui devrait générer un flux de trésorerie intéressant. A cela il faut ajouter les 925 millions FCFA de commissions de participation au refinancement, qui seront distribués si l'ensemble des banques sollicitées répond positivement à l'offre.
Idriss Linge
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