(Agence Ecofin) - La Banque centrale du Nigeria (Central Bank of Nigeria-CBN) a littéralement indiqué aux banques commerciales : « Si vous ne prêtez pas de l'argent à l'économie, vous serez sanctionnées ». Dans une note qui a été signée le 3 juillet 2019 et dont l'Agence Ecofin a obtenu une copie, l'institution d'émission monétaire de la première économie d'Afrique en matière de PIB a exigé des banques un minimum de 60% de ratio de prêts sur les volumes de dépôts.
L'injonction qui est d'application immédiate promet aussi de sanctionner les banques qui ne s'arrimeront pas à ce niveau. Elles devront renforcer leurs fonds propres, d'un montant équivalent à 50% de la valeur du gap entre l'encours des crédits qu’elles devraient avoir normalement, et celui présenté dans leurs bilans. La Banque centrale explique cette initiative par la volonté de relancer la consommation et les investissements privés, ce qui à terme devrait soutenir la croissance.
Cette approche de la CBN a reçu des avis partagés dans le secteur de la finance. « L'augmentation des prêts aux PME et aux consommateurs, que certaines banques jugent trop petits et trop risqués, augmentera probablement le risque lié sur les actifs des banques. Les banques de taille moyenne qui ont tendance à être davantage exposées aux prêts à la consommation et aux PME ont également tendance à déclarer des ratios de prêts improductifs plus élevés que les grandes banques », ont fait savoir des experts de l'agence de notation Moody's, dans une note sur le sujet.
De l'autre côté, ces experts notent qu'on devrait toutefois assister à une amélioration de la progression des crédits bancaires à l'économie et une réduction des concentrations des risques pris par ces établissements financiers.
Parmi les grosses banques cotées du Nigeria, on ne retrouve pour l'instant que Union Bank of Nigeria, majoritairement détenue par Fairfax Holding via Atlas Mara, et United Bank for Africa, qui soient en-dessous du nouveau ratio.
Idriss Linge
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