(Agence Ecofin) - Stanbic IBTC Bank et Rand Merchant Bank, deux filiales des groupes bancaires sud-africains Standard Bank et FirstRand, ont respectivement été en 2019, premier et deuxième plus gros importateurs de devises au sein de l'économie nigériane.
Stanbic domine de loin avec un total de 8,9 milliards $ de capitaux importés, contre près de 3 milliards $ pour Rand Merchant. On note aussi qu’elles ont mobilisé la moitié des investissements en devises de la première économie d'Afrique qui à fin décembre 2019, a atteint 24 milliards $, un niveau record depuis l'année 2014.
Les secteurs ciblés par les ressources mobilisées via les deux banques ne sont pas spécifiés dans les documents de l'Institution nigériane des statistiques qui donne l'information. On peut cependant soutenir l'hypothèse qu'une part importante a été affectée à l'achat des titres de dette à court terme (au plus 12 mois de maturité) émis par le gouvernement du Nigeria. Ces produits financiers ont attiré 56% des capitaux importés dans le pays en 2019.
Plus globalement, les produits de dette ont absorbé 19,6 milliards $ (86%) des devises importées. Il n'est pas certain qu'on atteigne encore ce niveau de mobilisation de ressources en devises au sein de la plus importante économie d'Afrique en termes de population et de produit intérieur brut. Les possibles conséquences économiques du Covid-19 associées à la baisse drastique des prix du pétrole, premier produit d'exportation du Nigeria, ont fragilisé la capacité à maintenir un niveau confortable des réserves de change.
Un revirement pourrait venir du marché des actions, avec peut-être l’intérêt des investisseurs pour des sociétés cotées nigérianes dont la valeur de marché deviendra faible et donc attractive. Mais les données de début 2020 sur le Nigerian Stock Exchange ne confirment pas encore cette vision des choses.
Rappelons qu'une part de la stabilité du naira (monnaie locale) et donc des prix a été soutenue ces deux dernières années par les capitaux importés.
Idriss Linge
Lagos, Nigeria - Financing growth in West Africa's trade epicentre