(Agence Ecofin) - Une nouvelle étude publiée le 1er décembre par le cabinet Nouvelles Donnes a confirmé que la croissance des principaux groupes bancaires français en Afrique est très en retrait par rapport aux acteurs locaux.
Intitulé «BSEM 2015» (Banking Survey-Emerging Markets), l’étude du cabinet spécialisé dans les problématiques de développement dans les secteurs de la banque et de l’assurance fait cette année un focus sur l’Afrique francophone. Il en ressort que deux groupes locaux dominent actuellement le marché dans cette zone. Il s’agit du groupe panafricain Ecobank qui détient 14% de parts de marché et du groupe marocain Attijariwafa Bank qui approche les 13%.
Parallèlement à la montée en puissance de ces deux groupes panafricains, les banques françaises ont beaucoup perdu du terrain. Des quatre «vieilles» présentes dans les années 80, BNP Paribas, la Société Générale, le Crédit Lyonnais et le Crédit Agricole, il ne reste que les deux premières. Et dans le top dix des banques présentes sur la zone, les françaises sont les seules à avoir perdu des parts de marché depuis 2007. La Société générale et BNP Paribas ont perdu presque trois points de parts de marché, passant respectivement à 8 % et 5 %.
En Afrique du Nord, Nouvelles Donnes constate que BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole pèsent à peine l’équivalent d’Attijariwafa Bank.
Selon Paul Derreumaux, économiste et président d’honneur du groupe Bank of Africa, la première erreur commise par les banques françaises en Afrique était de s’être concentrées sur la clientèle de grandes entreprises et de particuliers haut de gamme alors que les banques locales multipliaient les agences, même lorsque la clientèle n’était pas très rentable. «Auprès des banques françaises, l’ouverture de comptes se limitait aux expatriés et aux rares nationaux à haut revenu», souligne M. Derreumaux au journal le Monde.
L’autre erreur est, selon lui, le départ précipité des banques tricolores du continent durant les années 90 qui furent difficiles économiquement et politiquement pour les pays africains, en vue de se déployer en Europe de l’Est et en Asie. «Vu ce qu’on attendait en Europe de l’Est, les belles années qui commençaient en Chine et en Amérique du Sud, les états-majors des banques françaises ont dit “stop” en Afrique», ajoute M. Derreumaux, qui pense que «le terrain perdu ne sera pas repris» et que «les banques françaises peuvent seulement participer à la poursuite de la conquête».
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