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Tribune

« Nous, en Afrique de l’Ouest, nous achetons une action pour son rendement »

Par Gabriel Fal, président du conseil d'administration de la BRVM Par Gabriel Fal, président du conseil d'administration de la BRVM
  • samedi, 06 juillet 2013 05:31

Gabriel Fal, président des Conseils d'Administration de la BRVM a donné une interview au magazine Forbes Afrique.

Quel a été l’impact de la crise financière internationale et de la spéculation boursière sur la BRVM et, plus largement, sur la finance de marché ?

Gabriel Fal : En dehors du Nigeria, la plupart des bourses africaines sont assez peu spéculatives, comparées aux bourses occidentales. L’investisseur africain moyen est plus intéressé par le dividende que par la plus-value à la revente. A la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) de l’Afrique de l’Ouest, le PER moyen est de 8, contre 20 en moyenne en Occident, et le rendement en dividende/cours est souvent au-dessus de 10 % par an.

Nos valorisations sont assez basses, les cours restent donc stables, y compris en période de turbulences internationales. Le rendement est d’ailleurs une notion intéressante. A la Bourse de New York, ce qui compte, c’est la plus value : on achète bas et on revend plus haut. Malgré la crise boursière internationale, les cours des actions sont encore tellement hauts que le dividende devient très faible en valeur relative, peut-être 1 à 2 % du cours de l’action. Les investisseurs américains ont donc très peu de considération pour le dividende. Je devrais dire «avaient», car avec les déconvenues boursières internationales de ces quatre dernières années, les fonds d’investissement anglo-saxons reconnaissent les vertus de l’action de rendement. Nous, en Afrique de l’Ouest, nous achetons une action pour son rendement actuel et, s’il est bon, pourquoi la revendre ? Certes, cela permet d’encaisser une plus-value, mais cela prive aussi du rendement à venir.

Comment envisagez-vous l’avenir d’un secteur que l’opinion publique voue aux gémonies ?

GF : En fait, beaucoup de gens pensent encore que les activités boursières et financières se résument à la spéculation. Mais on peut placer son argent en bon père de famille. Les gens clairvoyants savent que les revenus de tout un chacun ne sont pas réguliers et linéaires pendant une vie. Il faut donc répartir ses revenus entre les périodes fastes, comme celle du pic de carrière, et celles moins rémunératrices, comme celle de la retraite. Le système boursier permet de gérer son patrimoine de la manière la plus rentable, la plus transparente et, paradoxalement, la plus sûre. Au niveau de l’industrie financière mondiale, la question est de savoir si l’on peut se permettre d’interdire aux banques commerciales de dépôt de spéculer sur les marchés à risque élevé. Etant donné que ces activités peuvent représenter jusqu’à 70 % des résultats des banques concernées, je ne vois pas comment les en empêcher sans détruire une économie très importante, que l’on croit virtuelle mais qui est financièrement bien réelle, avec des emplois, des actifs, des flux, etc. En réalité, pour que ce mouvement d’hyperrégulation ait une chance de prospérer, il faudrait un large consensus mondial. Or, les pays très libéraux, comme le Royaume-Uni ou le Japon, ne veulent même pas débattre de cette question.

Proposez-vous régulièrement de nouveaux services financiers_?

GF : Dans le marché financier en Afrique de l’Ouest, on arrange des émissions, principalement d’obligations, que l’on place auprès d’investisseurs institutionnels, qui les conservent, pour le rendement, jusqu’à terme. C’est un circuit « marché primaire ». En revanche, on a constaté que le réseau des intermédiaires de bourse de l’Afrique de l’Ouest était très intégré et très efficace, que les organismes de garantie étaient extrêmement sollicités, que les agences de publicité de la sous-région devenaient expertes pour faire une campagne de communication sur un emprunt obligataire par appel public à l’épargne, que les banques et les autres investisseurs institutionnels avaient trouvé dans ces obligations des instruments qui leur permettaient de compenser la rareté de la demande solvable d’emplois directs.

Vous avez récemment créé la première agence commerciale de CGF Bourse à Dakar. Quelle est sa vocation ? Quel est votre objectif à moyen terme ?

GF : C’est une agence de placement, et son objectif est de commercialiser tous les produits d’épargne auprès d’un large public. La clientèle cible sera la classe moyenne, notamment les professions libérales et les fonctionnaires. En fait, j’invite tous les acteurs commerciaux du marché financier de l’UEMOA à s’attaquer à la question de la demande. Il faut dire que la BRVM est surtout fréquentée par des fonds d’investissement étrangers et les institutionnels locaux. Les grandes banques ouest-africaines, qui comptent pourtant des filiales boursières, ne se bousculent pas pour vendre les placements auprès des particuliers. L’objectif est donc de drainer une partie de l’épargne des particuliers aisés vers la BRVM, à l’image de ce qui se passe en Tunisie ou au Maroc. Par ailleurs, nos filiales de gestion d’actifs doivent étendre leur offre en créant d’autres OPCVM, afin de proposer aux épargnants tous les niveaux de risque possibles. L’épargnant pourra alors choisir entre un profil prudent, investi surtout en obligations, et d’autres plus agressifs, qui font la part belle aux actions.

Comment parvenez-vous à convaincre les entrepreneurs d’Afrique francophone à mettre leur capital en Bourse ?

GF : Il existe une réticence à émettre des actions pour le grand public, car les actionnaires actuels d’une entreprise rentable donnée n’ont pas envie de partager le rendement de leur société avec des tiers, même s’ils peuvent empocher une importante prime d’émission au passage. De plus, nous avons hérité d’une mentalité qui consiste à dire que moins on est nombreux pour contrôler une entreprise, mieux cela vaut... Au niveau des privatisations des sociétés d’Etat, c’est un peu la même chose, les autorités sont disposées à céder au privé les « canards boiteux », mais sont peu enclines à privatiser et mettre sur le marché des entreprises qui leur versent chaque année des dividendes, même si le discours officiel est que l’Etat doit se désengager du secteur marchand et concurrentiel... Cela prendra des années pour changer cette posture, qui n’est pas mauvaise en soi, mais qui ne va pas dans le sens du développement de l’activité boursière.

Vous avez réalisé votre carrière dans la finance de marché. Aviez-vous un plan prédéfini ?

GF : Je n’ai rien prédéfini. C’est une carrière totalement opportuniste. Je dirais que le lien entre les différentes positions de ma carrière est la curiosité qui me poussait à tenter de nouvelles aventures dans des métiers connexes. A la Chase, je faisais surtout du correspondent banking, j’y suis resté deux années. J’ai ensuite passé treize ans à la Citibank en corporate banking, puis dans les financements structurés et la syndication bancaire. Après cela, j’ai été invité par la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest à piloter, en tant que membre du comité technique, le démarrage de la Bourse régionale des valeurs mobilières. J’ai été un moment tenté d’en prendre la direction, mais j’ai préféré assouvir mon désir d’indépendance et d’entrepreneuriat en créant CGF Bourse, une des vingt-deux SGI de l’Afrique de l’Ouest, dont la plupart sont des filiales de banques comme la Société générale, Ecobank ou BNP Paribas.

En tant que nouveau président du conseil d’administration de la BRVM, quelles sont vos missions et vos responsabilités ?

GF : A la BRVM, en étroite collaboration avec le nouveau directeur général, Edoh Kossi Amenounve, je fais du développement pour l’ensemble de la profession, en me basant sur ce qui se fait dans les pays plus développés que les nôtres et sur notre estimation du taux d’absorption de l’innovation du marché régional ouest-africain. Si, au terme de ma carrière professionnelle, mes compatriotes et les entreprises de notre communauté d’Etats savent se servir à bon escient du formidable atout que représente le marché financier et boursier régional, alors je pourrai dire que j’aurai rempli ma mission.

Quels sont les principaux métiers des SGI ?

GF : Le statut de société de gestion et d’intermédiation agréée au sein de l’Union monétaire ouest-africaine confère non seulement un rôle de courtier en bourse, membre de la BRVM, mais aussi une fonction de véritable banque d’affaires. Les SGI sont à l’écoute des dirigeants et des actionnaires d’entreprises cotées et non cotées, pour les assister et les conseiller dans la gestion optimale de leur capital et de leur dette. Pour les sociétés industrielles et commerciales, les SGI pratiquent le conseil financier, le financement à long terme des investissements, la restructuration financière de la dette, la gestion de fonds de roulement, l’arrangement de facilités de financement d’importation et toutes les opérations sur le capital. Nous avons des analystes financiers – notre métier de base –, des commerciaux, des conseillers financiers de clientèle privée, des agents de front, middle et back offices et des contrôleurs de gestion. Au niveau des filiales d’asset management – de gestion d’actifs –, nous avons des gestionnaires de portefeuilles et des actuaires. La formation et le coaching sont centraux dans nos métiers, car la plupart de nos recrutements se font à la sortie de l’école ou après une brève carrière en cabinet.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes pour leur permettre de devenir les dirigeants de demain?

GF : Force est de constater que l’on devient très rarement chef d’entreprise au sortir de ses études. L’enseignement du management est assez généraliste, puisqu’il vous met en position de prendre des décisions de direction générale au sein de l’entreprise. Avant de devenir patrons, les jeunes cadres auront à maîtriser des tâches, un métier, une carrière. Ainsi, j’encourage tous les jeunes diplômés à exceller dans un métier. Avoir fait ou non des études poussées n’est pas le plus important. Ce qui compte, c’est de maîtriser un savoir, une technique et d’essayer d’en devenir le meilleur pratiquant.

Par Gabriel Fal, président du conseil d'administration de la BRVM

 
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