(Agence Ecofin) - Le cri d’alarme vient de la Coalition civile pour la défense de la liberté d’expression, un regroupement de syndicats, d’associations et d’autres organisations de la société civile tunisienne. Ils dénoncent le danger qui plane sur le paysage audiovisuel en Tunisie, à la suite de la création de plusieurs « médias hors la loi » dont les propriétaires sont « des hommes d’affaires très actifs sur la scène politique ou des individus qui agissent, dans l’opacité totale, pour le compte de mouvements politiques ou de groupes d’intérêts ».
Les chaînes de radio ou de télévision taxées d’illégales émettent sans l’autorisation de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), un organe indépendant que la presse a imposé au pouvoir en place, à coups de grève et au lendemain de l’assassinat du député Chokri Belaïd.
La Coalition accuse le régime issu de la révolution tunisienne de « marginaliser » l’Haica et de « s’arroger ses prérogatives », par la multiplication d’organes de presse au service des dirigeants en place. Le gouvernement a attendu 17 mois après la création de l’Haica pour nommer les premiers membres de cet organe présidé par Nouri Lejmi, professeur à l’Institut de presse et des sciences de l’information (Ipsi), fondé en 1968. Six mois plus tard, ils attendent toujours les moyens pour travailler.
Selon la Coalition, la création des chaînes de radio et de télé « illégales » permet par ailleurs aux nouveaux dirigeants tunisiens, de contourner la résistance née dans le secteur public de la presse qui représente 70% du paysage médiatique national. En effet, depuis la chute de Ben Ali, les journalistes revendiquent plus de liberté. En 2012, plus de 130 cas d’agression contre ces professionnels sont restés impunis en Tunisie, selon Reporter sans frontières (Rsf) : des insultes et des mauvais traitements infligés par la police et des groupuscules anonymes ou salafistes.
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