(Agence Ecofin) - Le réassureur panafricain Continental Re Plc, coté sur le marché financier nigérian, a débuté depuis décembre 2017, un processus visant à transformer son bureau de représentation de Douala, au Cameroun, en une filiale à part entière. Cette entité aura l’agrément d’effectuer des prestations de réassurance, apprend-on de sources officielles.
A la fin 2017, le processus de capitalisation de ce qui sera la filiale camerounaise avait déjà débuté et se poursuivait, avec en objectif, atteindre les niveaux de fonds propres requis par la CIMA qui encadre les activités du secteur dans un groupe de pays francophone d’Afrique subsaharienne, dont le Cameroun fait partie.
Début janvier 2018, le groupe a franchi une nouvelle étape dans ce processus avec le lancement officiel de la formalisation de la filiale Camerounaise. Ce processus est mené avec C.Re Holdings, une entité parente qui est incorporée à l’Île Maurice et qui a déjà injecté l’équivalent de 10 millions $ contre 49% du capital de la nouvelle filiale qui devrait s’appeler Continental Re Ltd Douala, apprend-on.
La création de cette filiale intervient alors que le marché de la réassurance dans les pays couverts par la CIMA connaît de nouvelles règles, qui ont ouvert des opportunités pour les réassureurs locaux, avec un surplus de primes supplémentaire attendu de près de 68 milliards de FCFA selon les experts de la société Finactu.
Or, pour bénéficier de cette nouvelle manne, les réassureurs de la zone auront besoin de se renforcer en terme de fonds propres. Fort de son expérience de la zone, Continental Re qui a déjà obtenu l’agrément pour l’ouverture d’un bureau à Abidjan, semble se positionner pour bénéficier d’une part importante du marché.
Une année 2017 mitigée en zone CIMA
En attendant que se concrétise ce projet, l’année 2017 a été assez mitigée pour Continental Re au Cameroun, qui est restée sur ses équilibres. La contribution du bureau de Douala aux primes nettes acquises (le différentiel entre les primes brutes obtenues et les réserves constituées pour des primes qui ne seront pas acquises) par le groupe a été d’environ 1,8 milliard de nairas (devise de consolidation des performances du groupe qui est celle du Nigéria) en 2017, soit près de 5,2 millions $ au taux de change actuel.
C’est une baisse de performance comparée aux 2,25 milliards de nairas (6,3 millions $) réalisés en 2016. Dans ce contexte, les primes nettes de réassurance acquises au Cameroun ont été d’environ 1,6 milliards de FCFA, en baisse de près de 15%, comparées à celles de la même période en 2016. A cela, il faut ajouter la hausse à 675 millions de nairas des charges de sinistre.
Par ailleurs des charges d’exploitation, toujours élevées, ont entraîné la réalisation d’un résultat technique de seulement 126,3 millions de nairas. Le bénéfice net de 352,1 millions de nairas, a été boosté par une multiplication presque par 2,3 des revenus de placements et la survenance des gains (exceptionnels ?) de change de 167,4 millions de nairas.
Le bureau d’Abidjan a lui été beaucoup plus performant, avec un résultat technique, soutenu par des charges nettes de sinistre plus faibles qu’au Cameroun (382 millions de nairas, contre 675,4 millions de nairas). Des revenus de placement soutenus et un gain sur les opérations de change aussi important qu’au Cameroun, ont permis au bureau d’Abidjan de réaliser un bénéfice net de 596,8 millions de nairas, en hausse de 376,4% comparé à celui de 2016.
Une année 2018 qui devrait être riche en rebondissements
Il faut dire que le bénéfice net global de 949 millions de nairas (2,2 millions $) réalisé sur le marché de la zone CIMA en 2017 est plutôt solide, en comparaison aux autres pays où le groupe est présent. Au Botswana et au Kenya, qui sont deux marchés importants, Continental Re a terminé sur des pertes respectives de 729 millions de nairas et 129,3 millions de nairas. Son bénéfice net consolidé de l’exercice a été sauvé par un rebond sur le Nigéria, son principal marché.
L’année 2018 s’annonce donc stratégique pour le groupe. Au-delà de l’obtention d’un agrément pour sa filiale camerounaise, il devrait voir arriver un acteur de poids dans son tour de table. En Effet Saham Finance, la branche assurance du groupe marocain Saham, a été rachetée par le sud-africain Sanlam.
Idriss Linge
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