(MICROSAVE CONSULTING) - La technologie offre la possibilité d’améliorer le taux d’emploi des jeunes, dans le domaine notamment du travail informel. En 2019, unrapport sur la « gig economy » au Kenyaestimait que le travail indépendant en ligne représentait 109 millions de dollars et plus de 36 000 travailleurs. Il indiquait que sur la base du niveau des investissements au moment de sa rédaction, le secteur devrait connaître une croissance de 33 % par an sur les cinq prochaines années. Les projections montrent que le travail indépendant en ligne devrait ainsi représenter 345 millions de dollar et 93 000 travailleurs d’ici 2024. Le secteur informel a toujours représenté plus de 80 % de la population active au Kenya. L’utilisation de la technologie offre une opportunité significative d’offrir des emplois au secteur informel.
Voir aussi le webinaire : Développer des concepts de produits d'assurance et de micro-assurance pour la "gig économie", l'exemple de Lynk au Kenya
La pandémie actuelle de COVID-19 fait ressortir la forte vulnérabilité de la sécurité d’emploi et de la protection sociale des travailleurs indépendants. LeCGAP indiqueainsi que la plupart des travailleurs des plateformes qui offrent des services personnels ou d’artisanat enregistrent actuellement des baisses d’activité pouvant atteindre 90 %. La plupart d’entre eux ont dû puiser dans leurs économies, s’ils en avaient, pour subvenir à leurs besoins. Ceux qui n’ont pas d’épargne ont du mal à faire face aux mesures de confinement.
De plus, le travail « à la tâche » ne s’inscrit pas dans les structures contractuelles et les mécanismes de recours habituels des emplois formels traditionnels. Par exemple, l’assurance a traditionnellement ciblé le secteur formel. Seule une poignée de compagnies d’assurance proposent des produits adéquats et accessibles aux travailleurs de la gig economy. La nature de ces emplois rend l’offre de produits d’assurance beaucoup plus difficile. Le travail à la tâche varie considérablement selon la plateforme technique, la nature des missions et les risques encourus. Les assureurs estiment qu’il est particulièrement difficile de proposer de l’assurance aux travailleurs indépendants en raison du caractère imprévisible et fortement lié à la demande de ces emplois.
Plusieurs plateformes de travail à la tâche fournissent des services professionnels en mettant les clients en relation avec des artisans ou travailleurs manuels.Lynkau Kenya fait partie de ces plateformes qui se concentrent sur les opportunités d’emploi pour les jeunes. Elle est en bonne voie d’y parvenir avec plus de 60 % de ses travailleurs dans la tranche de 18 à 35 ans. Cependant, une grande partie de cette main d’œuvre n’a pas accès à une couverture d’assurance adéquate. Avec le soutien de la fondation MasterCard, MSC a participé au développement et à la distribution de produits de micro-assurance destinés aux travailleurs indépendants.
Dans notrearticle précédent, nous avons défini l’économie de plateforme et examiné les défis auxquels sont confrontés les travailleurs à la tâche. L’irrégularité et la faiblesse des revenus, l’absence de contrat structuré ou de contrat proprement dit, et le caractère imprévisible des flux de trésorerie figurent parmi les principales raisons qui font du segment des travailleurs en ligne un segment mal adapté aux compagnies d’assurance traditionnelles.
Mutiso, un menuisier qui n’avait pas d’assurance maladie lorsqu’il en aurait eu besoin
Mutiso est un menuisier de 28 ans qui possède un atelier de fabrication de meubles le long d’une route très fréquentée de Nairobi. Sur les conseils d’un ami, il s’est inscrit sur Lynk en tant que « pro » (travailleur à la tâche) il y a trois ans. Sachant que son activité habituelle connaissait des fluctuations saisonnières, il a pensé que les missions de la plateforme lui permettraient d’accéder à des clients plus réguliers et de lisser ses flux de trésorerie. Mutiso se sert d’outils tranchants et dangereux pour travailler le bois et construire des meubles. Bien qu’il soit un travailleur prudent qui s’est rarement blessé au travail, il y a deux ans, alors qu’il sciait un gros tronc de bois pour faire une table, il a déplacé le tronc trop vite et s’est entaillé profondément l’avant-bras. Cet accident l’a mis au chômage pendant six mois, sans source de revenus et sans assurance maladie. Cela lui a coûté plus de 200 000 KES (2 000 USD) rien que pour la facture de l’hôpital, et il a dû se tourner vers ses amis et sa famille pour payer son traitement.
Comment concevoir des produits de micro-assurance adaptés pour les travailleurs à la tâche et les plateformes ?
La recherche comportementale et la conception centrée sur l’humain peuvent être appliquées au processus de conception de produits adaptés et accessibles qui répondent aux besoins des travailleurs indépendants. Nos recherches montrent que la plupart des travailleurs à la tâche n’ont pas accès à des produits d’assurance formels alors qu’ils sont conscients des risques auxquels ils sont exposés. Notre évaluation montre en outre que la plupart des produits traditionnels proposés par les compagnies d’assurance ne sont pas adaptés aux besoins spécifiques de ce segment.
Les principaux cas d’utilisation de l’assurance par les jeunes travailleurs indépendants sont les suivants :
Concevoir des produits de micro-assurance pour les travailleurs à la tâche
Nos recherches ont permis d’obtenir des informations cruciales pour la conception de produits de micro-assurance adaptés aux travailleurs à la tâche, en ce qui concerne notamment les aspects suivants :
Développer un modèle de micro-assurance adapté aux travailleurs à la tâche
Sur la base de nos recherches, un assureur est en train de tester un produit d’assurance individuelle contre les accidents spécialement conçu pour la gig economy. Ce produit présente les caractéristiques suivantes :
Grâce à la recherche comportementale et centrée sur l’humain, les prestataires peuvent comprendre la nature dynamique du travail, les risques qui affectent les travailleurs et les cas d’utilisation pratique qui leur permettront de concevoir des produits de micro-assurance performants pour les plateformes de travail à la tâche et leurs adhérents. La pandémie de COVID-19 a mis en lumière le fait que les travailleurs informels sont fréquemment laissés pour compte dans le domaine des services financiers, et notamment de l’assurance. La technologie associée à la gig economy offre de nombreuses possibilités de relever ce défi et d’étendre aux travailleurs informels les avantages généralement associés aux emplois formels.
Peter Karah, Olivia Obiero et Edward Obiko
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