(Agence Ecofin) - Intervenant dans le cadre de la conférence inaugurale de la 42ème conférence inaugurale de la FANAF (Fédération des sociétés d'Assurances de droits National Africain) qui se déroule depuis le 12 février à Kigali, François Xavier Albouy, a partagé l'idée selon laquelle le recours aux nouvelle Technologie de l'Information et de la Communication, ne suffira à soutenir l'accès du plus grand nombre aux services de couvertures des risques.
« Tous les ans, nous faisons le constat que les primes d'assurance couvrent à peine 20% de la population mondiale. Certe, les primes augmentent parce que la classe moyenne a tendance à s'enrichir et les volumes de primes collectées sont importants. Mais il est évident que ce secteur qui existe depuis trois siècle déjà, ne couvre que 20% de la population mondiale. On a le sentiment que quelque chose ne va pas », a fait savoir ce professeur d'économie, expert des questions de risques.
De ce point de vue, il existe, selon lui, une facilité à penser que les TIC, qui ont connu un niveau de pénétration rapide, pourraient être la solution à une plus grande inclusion dans le secteur des assurances.
S’il ne rejette pas totalement cette façon de voir les choses, il note toutefois qu'il y a un maillon manquant dans la reflexion, c'est le fait qu'en matière d'assurance on garantit le risque sur quelque chose qui a de la valeur et que, accès au téléphone ou pas, si des valeurs ne sont pas apposées sur les personnes les plus pauvres ou des choses leurs appartenant, l'objectif d'assurance inclusive ne sera pas atteint.
Pour lui, l'élargissement significatif du taux de couverture des assurances part, non pas de l'utlisation du mobile, mais de la capacité à trouver des techniques et technologies d'assurance permettant d'atteindre tout le monde. « Si on prend par exemple la chaîne de valeur du cacao, l'exportateur est assuré, le transformateur de la matière première est assuré, le bateau qui transporte les fèves est assuré, mais le producteur lui ne l'est pas et en plus il ne reçoit que 4% de la valeur ajoutée finale de son produit », a-t-il fait remarquer à titre d'exemple.
M.Abouy a aussi estimé que l'idée répandue selon laquelle apporter des services d'assurance à des personnes située dans des zones reculées, coûte trop cher, n'est pas très cohérente. Il fait savoir que, lorsque les multinationales pétrolières ou agroamimentaires le souhaitent, on retrouve leurs produits dans les villages les plus reculés. « Si on commence à donner de la valeur à toute chose humaine, le marché des assurances va s'élargir, et l'accès à la couverture des risques se généralisera », a-t-il indiqué en substance sur cette question de la disruption.
Le taux de pénétration des services des assurances demeure encore faible en Afrique. Selon des chiffres publiés dans le rapport 2018 de la FANAF, la part du marché africain des assurances ne représentait que 1,3% dans le monde. Plus grave, depuis le pic de 2010 (81,4 milliards $) et la remonté de 2012 (71,4 milliards $), le chiffre d'affaires du secteur des assurances a connu une baisse, pour terminer à 60,7 milliards $ à la fin de l'année 2016.
Idriss Linge
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