(Agence Ecofin) - En RDC, l’exploitation industrielle du cuivre, du cobalt et bientôt du lithium est largement contrôlée par des intérêts chinois. La rivalité sino-américaine pourrait donc s’étendre à ce pays, alors que les États-Unis cherchent à diversifier leur approvisionnement pour ces métaux stratégiques.
La RDC, la Zambie et les États-Unis ont paraphé à Washington un protocole d’accord portant sur la transformation locale des matières premières nécessaires à la production des batteries de véhicules électriques. C’est l’annonce faite mercredi 14 décembre par la présidence congolaise qui précise que le projet sera développé dans la région entre le sud-est de la RDC et le nord de la Zambie.
Si ce protocole marque un pas de plus dans la coopération accrue depuis quelques mois entre la Zambie et la RDC, il consacre surtout le retour progressif des États-Unis dans une région délaissée depuis de longues années.
#RDC 14.12.2022|#Washington
— Présidence RDC ?? (@Presidence_RDC) December 14, 2022
Le Président Félix Tshisekedi et son Homologue Zambien,H.Hichilema, ont présidé,hier,la signature d'un Protocole d'accord entre les USA,la RDC et la Zambie pour développer une chaîne de valeur dans la production des batteries pour voitures électriques. pic.twitter.com/0cgb9Ysn99
En visite plus tôt cette année à Kinshasa, le secrétaire d’État américain Antony Blinken et Amos Hochstein, envoyé spécial du président Biden et coordinateur des affaires énergétiques internationales, ont déjà manifesté le soutien de la Maison Blanche à la politique minière du gouvernement congolais, tout en appelant à davantage de transparence.
« Dans le secteur des Mines, nous voulons voir une réduction significative de la corruption. Si ces progrès se réalisent, vous verrez les genres d’investissements que nous souhaitons voir en RDC », a résumé M. Hochstein.
Pour rappel, la situation géopolitique en RDC au cours des deux dernières décennies entre conflits dans les régions minières et instabilité politique à Kinshasa, a progressivement poussé les investisseurs miniers américains à quitter le pays, malgré la dépendance des géants technologiques de ce pays (Google, Dell, Microsoft, etc.) vis-à-vis des minerais extraits en RDC (étain, cobalt, coltan…).
La transition énergétique et son besoin en métaux divers sont désormais en passe de changer la donne, d’autant plus que les relations diplomatiques entre le pays de l’Oncle Sam et Kinshasa se sont renforcées depuis l’arrivée du président Tshisekedi. L’administration américaine a notamment joué un rôle important dans la fin de la présence de Dan Gertler dans le secteur minier congolais et infligé récemment une amende record à Glencore pour corruption en RDC.
Ce réchauffement des liens historiques entre les deux pays peut déboucher sur un partenariat « gagnant-gagnant », car les États-Unis ont besoin du cobalt et du lithium congolais pour alimenter les véhicules électriques dont la production explose actuellement, alors que la RDC peut bénéficier de l’expertise et des investissements américains pour développer son industrie de transformation de ces métaux en matériaux pour lesdits véhicules électriques.
Emiliano Tossou
Accra, Ghana