(Agence Ecofin) - En Afrique du Sud, le gouvernement introduira d’ici la fin de ce mois, des droits de douane supplémentaires sur la volaille importée. L’annonce a été faite par le président Cyril Ramaphosa, durant son discours sur l’état de la Nation prononcé la semaine dernière.
Cette mesure tarifaire est destinée à améliorer la protection de l’industrie locale face à la concurrence des importations à bas prix. Celles-ci ont atteint en 2018, 521 500 tonnes de viande, dont 62 % provenait du Brésil, 16,5 % des USA et 12 % de l’UE d’après les données de l’USDA.
Si le niveau d’imposition reste à préciser, il faut souligner que l’Association sud-africaine de la volaille (SAPA) a plaidé en 2018 pour un taux d’imposition de 82 % pour améliorer la situation économique du secteur. Actuellement, les droits de douane appliqués sont respectivement de 12 % et 37 % sur les importations de volailles désossées et non désossées.
Alors que certains saluent déjà cette décision à venir, du côté des analystes, on s’interroge sur les marges de manœuvre de l’exécutif dans la perspective d’une application de droits de douane à toutes les origines de volaille importée.
D’un côté, l’Afrique du Sud a conclu un accord de partenariat économique avec l’UE qui prévoit des droits de douane nuls sur la volaille originaire de l’UE. Et si la Nation arc-en-ciel a imposé en 2018, un droit de sauvegarde de 35,3 % sur la volaille européenne non désossée, cela devrait être réduit à 15 % sur une période de 4 ans.
De l’autre, le pays a signé en janvier 2016, une entente avec les USA permettant l’arrivée de 65 000 tonnes de volaille sur son territoire en franchise de droits contre un maintien dans l’AGOA. En 2019/2020, ce contingent devrait atteindre 68 000 tonnes. Dans un tel contexte, les observateurs soulignent qu’une hausse brutale des droits de douane sur la volaille américaine serait risquée pour le pays d’autant plus face à une administration Trump, dont les réactions sont imprévisibles.
Enfin, certains pointent le risque d’une plainte du Brésil devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) si les exportateurs locaux s’estiment lésés. Ce scénario s’est déjà réalisé en 2012 lorsque le gouvernement sud-africain avait imposé des droits de douane supplémentaires de 62,9 et 46,6 % (contre des standards de 5 % et 27 %) respectivement sur les importations de volailles entières et de morceaux désossés en provenance du pays d’Amérique latine. Afin d’éviter un procès, le pays avait dû annuler ces mesures tarifaires un an plus tard.
Pour rappel, l’Afrique du Sud est le premier consommateur de viande de volaille en Afrique, avec 1,8 million de tonnes par an.
Espoir Olodo
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