Le régime alimentaire bon pour la santé et pour l’environnement reste hors de prix pour 1,6 milliard de personnes (rapport)

(Ecofin Hebdo) - Lancée le 17 janvier dernier par une commission formée par la fondation EAT et la revue médicale The Lancet, la recette d’un régime alimentaire universel devant permettre de nourrir durablement et sainement la population mondiale, d’ici 2050, reste hors de prix pour environ 1,58 milliard d’individus à travers le monde. La majorité de ces personnes sont situées en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. C’est ce qu’estime une étude publiée le 7 novembre dernier par l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) et l'École Friedman des sciences et des politiques de nutrition de Boston. Zoom sur la plus cruelle des inégalités.   

 

Un régime alimentaire révolutionnaire 

Le régime de santé planétaire résulte de travaux ayant impliqué pendant trois ans, 37 scientifiques issus de 16 pays du monde. Sa démarche reste novatrice, car elle représente la toute première tentative visant à examiner les possibilités d’une alimentation saine, à partir d'une production alimentaire durable.

1EAT Lancet Johan Rockstrom Walter Willett speaking stage podium 2 e1556883453551

La Commission Lancet-EAT a défini le régime alimentaire optimal pour la santé et pour la planète.

 

Ce régime alimentaire universel se veut un compromis entre les exigences en matière de santé humaine et de durabilité de l’environnement. Le menu-type proposé vise concrètement à fournir à chaque être humain, un apport journalier de 2500 kilocalories, soit l’équivalent énergétique des besoins d’une femme de 30 ans dont le poids avoisine 60 kg.

Le menu-type proposé vise concrètement à fournir à chaque être humain, un apport journalier de 2500 kilocalories, soit l’équivalent énergétique des besoins d’une femme de 30 ans dont le poids avoisine 60 kg.

Le régime préconise une consommation d'environ 50% de fruits et légumes frais, 30% des besoins énergétiques provenant des céréales et une plus grande proportion de haricots et légumes secs dans l'alimentation. Il promeut, en outre, une réduction de moitié de viande rouge et de sucre et un doublement de la consommation mondiale de fruits, de légumes, de noix et de légumineuses.

D’un point de vue planétaire, la Commission Lancet-EAT indique que le régime devrait également permettre de réduire le gaspillage et l’impact environnemental du système alimentaire actuel qui est responsable de 16-27 % des émissions de gaz à effet de serre et occupe 40% des terres.

2vache

Selon le rapport, il faut viser une réduction de moitié de la viande rouge et du sucre.

 

Avec la promesse de permettre de nourrir les quelque 10 milliards de personnes qui peupleront la planète, d’ici la moitié du 21e siècle, le régime a vite trouvé un écho favorable. Il apparaît en effet comme une solution pour gommer les inégalités mondiales dans l’alimentation et la nutrition. Et pour cause, selon les estimations, plus de 800 millions de personnes dans le monde souffrent de sous-nutrition, 2 milliards sont au contraire en situation de surconsommation et 2 milliards sont en situation de carences en micronutriments.

Et pour cause, selon les estimations, plus de 800 millions de personnes dans le monde souffrent de sous-nutrition, 2 milliards sont au contraire en situation de surconsommation et 2 milliards sont en situation de carences en micronutriments.

Si en théorie, ce régime est souhaitable pour tous, l’étude souligne que cela se complique sérieusement lorsqu’on entre dans le concret.

 

Mais pas à la portée de tous…

Pour les auteurs du rapport, la Commission Lancet-EAT a délibérément omis de mettre en lumière l’accessibilité économique de ce régime universel. Et sur ce point, les experts estiment qu’il est hors de portée pour une bonne partie de la population mondiale dont les revenus sont trop faibles pour se l’offrir.

Pour en arriver à cette conclusion, les experts se sont basés sur les prix au détail (données de 2011) de quelque 744 produits alimentaires dans 159 pays du monde (comptant pour 95 % de la population mondiale) fournis par le Programme de comparaison internationale (PCI) hébergé par la Banque mondiale. Selon les estimations, le coût global moyen de ce régime avoisine 2,84 $ par jour, ce qui est un luxe dans une société où près de 2,8 milliards de personnes vivent avec moins de 2 dollars par jour.

Selon les estimations, le coût global moyen de ce régime avoisine 2,84 $ par jour, ce qui est un luxe dans une société où près de 2,8 milliards de personnes vivent avec moins de 2 dollars par jour.

D’après Kalle Hirvonen, économiste à l’IFPRI, ce montant représente 89,1 % des revenus journaliers des ménages dans les pays à bas revenu et bien plus que ce que les individus peuvent se permettre de dépenser dans la seule alimentation. Par comparaison, en Afrique de l’Ouest, les ménages urbains pauvres dépensent dans leur alimentation 347 $/an, soit environ 0,95 $/jour contre 297 $/an (0,81 $/jour) pour les ménages ruraux.

Par comparaison, en Afrique de l’Ouest, les ménages urbains pauvres dépensent dans leur alimentation 347 $/an, soit environ 0,95 $/jour contre 297 $/an (0,81 $/jour) pour les ménages ruraux.

D’une manière générale, le rapport souligne que le prix du régime alimentaire idéal est hors de portée pour près de 57,2% de la population en Afrique subsaharienne et 38,4% de la population d’Asie du Sud. 

3 map regime alimentaire

Proportion de personnes dont les revenus journaliers sont inférieurs au coût prix du régime alimentaire universel

 

Alors que le chiffre de 1,58 milliard de personnes qui ne peuvent pas se permettre le régime peut être considéré comme important, l’étude indique qu’il ne s’agit là en réalité que d’une estimation minimale. « Le coût de la préparation des alimentations et des biens non alimentaires nécessaires pourrait laisser entrevoir qu’un plus grand nombre de personnes ne peuvent pas accéder à ce type de régime alimentaire », souligne Will Masters, économiste et principal auteur du rapport.  « Même si les consommateurs les plus pauvres devraient aspirer à consommer de manière plus saine et plus durable, les revenus et les contraintes de prix rendent le régime inaccessible. Une hausse des revenus et les filets de sécurité et des changements de systèmes ainsi que des prix des aliments plus bas sont nécessaires pour permettre aux régimes alimentaires durables d’atteindre les pauvres du monde », renchérit M. Hirvonen.   

 

Espoir Olodo

 Espoir Olodo

Ndeye Khady Gueye

 

Les secteurs de l'Agence

● GESTION PUBLIQUE

● Finance

● Agro

● ELECTRICITE

● FORMATION

● TRANSPORT

● ENTREPRENDRE

● Mines

● Hydrocarbures

● TIC & Télécom

● Multimedia

● Comm