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Guinée : Amnesty confirme des tirs à balles réelles sur les manifestants et s'indigne du silence de la CEDEAO et de l'UA

  • Date de création: 27 octobre 2020 04:52

(Agence Ecofin) - Les forces de sécurité guinéennes ont fait usage d’armes de guerre contre les manifestants en Guinée causant des dizaines de morts, soutient Amnesty International. Dénonçant une « répression à huis clos », l’ONG appelle la communauté internationale à se mobiliser urgemment.

Sur la base de récits de témoins, d’images satellites et de vidéos « authentifiées et analysées », Amnesty International a confirmé le dimanche 25 octobre que les forces de défense et de sécurité guinéennes ont tiré à balles réelles sur des protestataires après l’élection présidentielle contestée du 18 octobre.

Pour l’ONG internationale, « l’usage d’armes à feu doit cesser et la mort de manifestants, de passants et de responsables locaux du Front national de défense de la Constitution (FNDC) doit faire l'objet d’enquêtes indépendantes, impartiales et efficaces. Si des informations laissent présumer des responsabilités pénales, les personnes concernées doivent être déférées à la justice pour des procès équitables devant des tribunaux civils ».

« Le président Alpha Condé n’a eu de cesse de répéter qu’il a préféré quitter le pays en 1993 plutôt que d’aller à la confrontation et de ‘’gouverner des cimetières’’. C’est aujourd’hui le cas », rappelle l’ONG.

Face aux autorités guinéennes qui ont tenté de justifier le recours à un tel niveau de force par « l’usage par les manifestants de fusils de calibre 12 qui ont été tirés sur des citoyens et aussi sur des agents des forces de défense et de sécurité », Amnesty affirme ne pas être en mesure de confirmer ce scénario.

Par contre, l’ONG soutient être « en mesure d’affirmer sur la base d’images satellites analysées et de vidéos authentifiées que des éléments des forces de défense et de sécurité détenteurs d’armes de guerre en ont fait usage dans plusieurs localités, dont Conakry et Labé ».

Outre les déclarations de l’opposition et du FNDC sur le nombre de personnes tuées par balles, Amnesty a pu communiquer avec différentes sources qui ont confirmé la mort de 19 personnes, essentiellement tuées par balles, depuis le 19 octobre. « Des informations recueillies jusqu’à présent sur d’autres victimes présumées, sur la situation dans certaines structures de santé ainsi que les chiffres et les informations rapportés par les médias guinéens laissent penser que plusieurs dizaines de personnes pourraient avoir été tuées ».

En plus de la répression, l’ONG internationale dénonce les entraves à la liberté d’expression avec notamment les perturbations du réseau Internet, la suspension de certains médias.

Pour Amnesty, « cette répression à huis clos » a lieu dans le silence de l’Union africaine et de la CEDEAO. Raison pour laquelle, elle exhorte « la communauté internationale à se mobiliser urgemment et fortement en appelant à la protection de la population et à l’ouverture d’enquêtes».

La Guinée traverse actuellement une grave crise sociopolitique suite à l’élection présidentielle qui a vu le président sortant, Alpha Condé, être déclaré vainqueur par la Commission électorale pour un troisième mandat.

Cellou Dalein Diallo, qui affirme être celui qui a véritablement remporté le scrutin, dénonce une vaste fraude et a appelé à des manifestations pour que soit rétablie « la vérité des urnes ». Même son de cloche du côté du mouvement FNDC qui a appelé à la mobilisation générale « jusqu’au départ d’Alpha Condé ».

Ce lundi, une mission mixte de diplomatie préventive de l’Union africaine, la CEDEAO et des Nations unies étaient à Conakry afin de rencontrer les acteurs politiques du pays face à l’intensification des manifestations sanglantes. Mais vu les positions tranchées et la suspicion à l’endroit surtout des émissaires de la CEDEAO, il y a peu de chances que cette mission aboutisse à une accalmie.

Borgia Kobri

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Borgia Kobri


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