(Agence Ecofin) - Le tout nouveau ministère de la Réconciliation nationale est la 3e structure en charge de cette question en Côte d’Ivoire depuis 2011. Face aux résultats mitigés enregistrés depuis lors, et aux exigences de l’opposition pour le dialogue national, la tâche de KKB s’annonce déjà difficile.
Le président Alassane Ouattara a procédé ce mardi 15 décembre 2020, à un « réaménagement » du gouvernement ivoirien, avec l’entrée du candidat malheureux à la dernière élection présidentielle, Kouadio Konan Bertin dit KKB (photo), au poste de ministre de la Réconciliation nationale.
Cette nomination intervient au lendemain de la prestation de serment d’Alassane Ouattara pour un troisième mandat présidentiel à la tête de la Côte d’Ivoire. Cérémonie au cours de laquelle, il a annoncé la création de ce ministère parmi les mesures qu’il compte adopter pour maintenir le dialogue politique et faire baisser la tension politique après les violences qui ont émaillé la présidentielle controversée du 31 octobre dernier.
L’autre décision annoncée ce jour par la présidence ivoirienne est la nomination du général Vagondo Diomandé, ex-chef d’Etat-major particulier du président Alassane Ouattara, au poste de ministre de l’Intérieur. Il cumulera désormais ce ministère avec celui de la Sécurité qu’il occupe déjà.
Communiqué de la Présidence de la République du mardi 15 décembre 2020 pic.twitter.com/5KUtapBY8f
— Presidenceci (@Presidenceci) December 15, 2020
Un remake de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation ?
Fortement brocardé par l’opposition ivoirienne pour sa volonté de concourir à l’élection présidentielle face à Alassane malgré l’appel au « boycott actif », KKB avait écopé d’une suspension des instances du PDCI de Henri Konan Bédié, dont il est membre.
Cette nomination pourrait bien apparaître comme une sorte de récompense pour celui qui a permis à Alassane Ouattara de ne pas se retrouver seul candidat, après le retrait d’Henri Konan Bédié et de Pascal Affi N’guessan. Toutefois, les craintes qu’il hérite d’une sorte de cadeau empoisonné sont grandes, dans la mesure où l’existence d’un département chargé de la Réconciliation nationale n’est pas nouvelle en Côte d’Ivoire.
Au lendemain de la crise post-électorale de 2010-2011, une Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR) a été mise en place. Dirigée par l’ancien Premier ministre et également membre du PDCI, Charles Konan Banny, elle avait pour mission « d’œuvrer en toute indépendance à la réconciliation et au renforcement de la cohésion sociale entre toutes les communautés vivant en Côte d’Ivoire ».
Son bilan sur la question reste toutefois particulièrement mitigé. Idem pour la Commission nationale pour la réconciliation et l'indemnisation des victimes des crises en Côte d'Ivoire (CONARIV) qui lui a succédé en 2015.
Alors que le dialogue politique semble actuellement au point mort entre les acteurs politiques ivoiriens, et dans un contexte où l’opposition ivoirienne avec à sa tête, l’ancien président Henri Konan Bédié, affiche de nouvelles exigences, la tâche de KKB s’annonce déjà difficile, voire périlleuse.
Borgia Kobri
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