Somalie : Mohamed Farmaajo obtient une prolongation de deux ans de son mandat, les élections à nouveau reportées

(Agence Ecofin) - En raison de fortes dissensions internes, la Somalie n’a toujours pas organisé ses élections générales. Le président Mohamed Farmaajo, dont le mandat a expiré le 8 février dernier, et qui veut se représenter pour un nouveau mandat espère réussir à organiser un scrutin à suffrage universel direct.

En Somalie, la crise politique qui dure depuis plusieurs mois concernant l’organisation de nouvelles élections s’ouvre sur un nouveau chapitre. Le lundi 12 avril 2021, la chambre basse du Parlement somalien a voté pour la prolongation du mandat du président Mohamed Farmaajo (photo).

Alors que son mandat a officiellement pris fin le 8 février, le chef de l’Etat pourra encore rester à la tête de la Somalie pendant deux ans supplémentaires. 149 députés ont soutenu cette proposition qui intervient alors que les élections présidentielles et législatives qui doivent permettre d’élire un nouveau dirigeant et les représentants du peuple se heurtent à des désaccords qui ont entraîné leur report.

Les élections somaliennes étaient attendues pour 2021, en se basant sur un accord trouvé en septembre 2020 entre les différentes forces politiques du pays. Cet accord devait doter la Somalie d’un nouveau système électoral consacrant un mode de scrutin indirect avec un collège électoral plus élargi. Cependant, plusieurs désaccords entre le gouvernement fédéral et certains dirigeants des Etats régionaux, notamment ceux du Puntland et du Jubaland, ont conduit à une impasse politique qui a empêché la tenue des élections, avant l’expiration du mandat du président en exercice.

Ainsi, l’objectif de la nouvelle prolongation du mandat de M. Farmaajo est d’éviter la vacance du pouvoir, bien que plusieurs partis d’opposition accusent le chef de l’Etat de faire traîner le processus électoral pour se maintenir au pouvoir.

Les députés ont également approuvé une proposition visant à organiser les élections dans moins de deux ans. Il s’agit entre autres de créer les conditions nécessaires pour l’organisation d’un scrutin à suffrage universel direct, une solution qui avait été abandonnée au profit du scrutin indirect, en raison de la situation sécuritaire du pays qui rendait difficile l’organisation des votes sur toute l’étendue du territoire national.

H.E @M_Farmaajo PRAISES THE RETURN OF POWER TO THE SOMALI PEOPLE AND COMMENDS PARLIAMENT @Golaha_shac_JFS FOR PLAYING ITS LEGISLATIVE DUTY. pic.twitter.com/7YPgpvWr4E

— Abdirashid M. Hashi (@MrDuqa) April 12, 2021

« Son Excellence, le président Mohamed Abdullahi Farmaajo, salue la décision de la Maison du peuple de la République fédérale de Somalie de remettre le pays sur la voie démocratique, après que certains Etats fédéraux ont paralysé l’implémentation de l’accord électoral initial du 17 septembre 2020 qui avait été approuvé », a indiqué la présidence somalienne dans un communiqué.

Et d’ajouter : « le président a réaffirmé que son gouvernement est fermement engagé à remplir son mandat de s’assurer de l’exécution de la résolution parlementaire qui inclut la restauration du droit constitutionnel du peuple somalien à choisir son propre destin. Il appelle les citoyens à se tenir prêts à saisir cette chance historique de tracer la voie politique du pays ».

Rappelons que ces décisions interviennent alors que les islamistes shebabs multiplient les attaques meurtrières dans le pays. La crise politique a d’ailleurs entraîné une rupture des relations diplomatiques entre la Somalie et le Kenya ; ce dernier accusé par Mogadiscio d’ingérence politique, en raison du soutien affiché de Nairobi au gouvernement du Jubaland hostile au président Farmaajo.

Moutiou Adjibi Nourou