Ethiopie : la région du Tigré défie le gouvernement fédéral avec des élections illégales remportées par le TPLF

Le Tigré, région montagneuse au nord de l'Ethiopie frontalière de l'Erythrée et du Soudan, a effectivement organisé ses élections régionales le 9 septembre, contre l’avis du gouvernement fédéral du pays dirigé par le Premier ministre Abiy Ahmed (photo) qui les considère « sans base légale » et « nulles et non avenues ».

Initialement fixé au 29 août, le scrutin a été reporté à une date ultérieure par le gouvernement central en raison de la crise de la covid-19. Une décision qui n’avait pas rencontré l’adhésion des dirigeants du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Ce parti fermement aux commandes de la région a clairement fait savoir que les élections y seraient maintenues unilatéralement. C’est désormais chose faite.

Se confiant à l’AFP, le commissaire électoral régional, Muluwork Kidanemariam, a indiqué que la participation au scrutin organisé mercredi s'est officiellement élevée entre 97 et 98% des 2,6 millions d'inscrits.

« La totalité des sièges, pour toutes les circonscriptions régionales, ont été gagnés par le TPLF », a-t-il ajouté.

Le Parlement régional du Tigré est composé de 190 sièges, dont 152 étaient en jeu dans ce scrutin qui a vu la participation de plus de 600 candidats. Les 38 sièges restants seront attribués après négociations entre les cinq partis politiques en lice, a expliqué Muluwork Kidanemariam.

Nul doute que la tenue des élections va envenimer encore plus les relations déjà tendues entre les dirigeants de la région et le gouvernement fédéral. De sorte à faire peser le risque d’une confrontation ou même d’une intervention militaire.

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Représentant environ 6% de la population éthiopienne, forte de 110 millions d'habitants, le Tigré a longtemps dominé la vie politique éthiopienne. Le TPLF a mené la lutte armée contre le régime communiste jusqu'à sa chute en 1991, et a ensuite mené la coalition au pouvoir jusqu'à ce que des manifestations populaires débouchent sur l'arrivée d'Abiy Ahmed en 2018.

Par la suite, en 2019, le TPLF est entré en conflit avec le parti au pouvoir après s’être retiré du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF), la coalition au pouvoir. Ce retrait avait été motivé par la décision de trois partis membres de cette alliance de fusionner sous l’impulsion d’Abiy Ahmed pour devenir le nouveau Parti de la prospérité (PP).

Borgia Kobri