(Agence Ecofin) - Les manifestations de désobéissance civile ont repris ce lundi en Côte d’Ivoire à l’appel de l’opposition, tandis que des poursuites judiciaires ont été engagées contre les opposants, dont certains ont été arrêtés. Des positions tranchées qui empêchent pour le moment, toute possibilité de dialogue.
L’opposition ivoirienne a appelé ses partisans à reprendre à partir de ce lundi les actions de désobéissance civile qu’elle a initiée depuis quelques semaines, et qui ont abouti au « boycott actif » du scrutin présidentiel controversé du 31 octobre à l’issue duquel le président sortant, Alassane Ouattara, a été déclaré vainqueur pour un troisième mandat avec 94,27% des voix.
Des résultats d’ailleurs confirmés ce jour par le Conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire, pendant que des manifestations de contestation sont signalées dans plusieurs villes du pays.
Après avoir mis en place un « Conseil national de transition », car déniant à Alassane Ouattara toute légitimité, l’opposition semble déterminée à maintenir la pression pour obtenir une reprise totale du processus électoral, sous un gouvernement de transition.
En face, Alassane Ouattara a décidé de durcir le ton en engageant une répression contre l’opposition. Sous le coup de poursuites judiciaires pour « acte de sédition », « d’attentats et de complot », plusieurs responsables de l’opposition ont déjà été arrêtés, dont le secrétaire exécutif du PDCI [le parti d’Henri Konan Bédié, Ndlr], Maurice Kacou Guikahué, et Pascal Affi N’Guessan du FPI.
Les forces de sécurité ivoiriennes ont par ailleurs dressé un blocus autour des résidences d’autres opposants.
« J’exige une nouvelle fois la libération des opposants et la levée du blocus autour des résidences des opposants. Nous appelons les ONG et organisations internationales à dénoncer la dictature qui s’installe en ce moment même en Côte d’Ivoire », a déclaré Henri Konan Bédié (photo) dans une série de tweets.
J’exige une nouvelle fois la libération des opposants et la levée des blocus autour des résidences des opposants. Nous appelons les ONG et organisations internationales à dénoncer la dictature qui s’installe en ce moment même en Côte d’Ivoire. #CIV #CIV225
— Henri Konan Bédié (@HKBofficiel) November 8, 2020
« La mobilisation doit se poursuivre pour que soit dévoilée aux yeux du monde entier la torture que fait subir au peuple le régime en place. Ensemble, nous rendrons la Côte d'Ivoire réconciliée, unie, et prospère. Ensemble nous vaincrons », a-t-il également lancé. Signe que la contestation populaire risque de ne pas prendre fin de sitôt.
Dans un contexte politique aussi tendu et des positions tranchées de part et d’autre, les possibilités d’un dialogue entre les acteurs politiques semblent hypothétiques.
Une situation de blocage et d’instabilité ambiante qui n’augure rien de bon pour l’économie du pays déjà éprouvée par la crise de la covid-19, dont la croissance du PIB devrait s’afficher à 1,8% à fin 2020 contre des projections initiales de 7,2%. Des estimations qui ne tiennent toutefois pas compte du coût engendré par les contestations populaires de ces dernières semaines.
Ainsi, au-delà d’un bilan humain déjà lourd – plusieurs dizaines de morts – le mouvement de contestation populaire a assurément des répercussions économiques non négligeables à moins qu’un dialogue soit engagé afin d’aboutir à un consensus durable.
Une solution d’ailleurs proposée par l’ONU, l’Union européenne, l’Union africaine, la CEDEAO et les Etats-Unis qui à travers une série de communiqués, ont appelé à l’instauration d’un dialogue politique inclusif en Côte d’Ivoire, après un scrutin qui a laissé apparaître la persistance d’une profonde fracture sociale.
Borgia Kobri
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