(Agence Ecofin) - Les relations déjà tendues entre les dirigeants de la province du Tigré et le gouvernement fédéral d’Ethiopie sont sur le point de déboucher sur une confrontation militaire, suite à la décision du Premier ministre, Abiy Ahmed, de lancer une offensive contre le TPLF.
Après des attaques présumées contre des positions des Forces de défense nationale éthiopiennes (ENDF) par le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed (photo), a ordonné ce mercredi 4 novembre 2020, une offensive militaire contre le parti.
Selon un communiqué rendu public par le cabinet du Premier ministre, le TPLF a attaqué le poste de commandement nord des ENDF basé à Mekelle, dans la région du Tigré, et tenté de voler l'artillerie et l'équipement militaire qui s’y trouvaient.
« La dernière ligne rouge a été franchie avec les attaques et le gouvernement fédéral est donc contraint à un affrontement militaire », indique le communiqué. Ajoutant que « les Forces de défense nationale éthiopiennes, sous la direction du haut commandement, ont reçu l'ordre de mener à bien leur mission de sauver le pays et la région de la spirale de l'instabilité ».
Selon le gouvernement fédéral d’Ethiopie, une politique « d'extrême patience et de prudence » a été entretenue ces derniers mois, face aux « provocations et incitations à la violence » du TPLF.
Les autorités accusent par ailleurs le parti d’avoir armé et organisé des « milices irrégulières » au cours de ces dernières semaines dans cette province montagneuse au nord de l'Ethiopie, frontalière de l'Erythrée et du Soudan, et représentant environ 6% de la population éthiopienne forte de 110 millions d'habitants.
Le 9 septembre 2020, le Tigré a organisé ses élections régionales contre l’avis du gouvernement fédéral qui les considère « sans base légale » et « nulles et non avenues ». Remportées par le TPLF, elles ont contribué à envenimer les relations déjà tendues entre les dirigeants de la région et le gouvernement fédéral. De nombreux observateurs entrevoyaient déjà le risque d’une confrontation militaire.
Après la chute du régime communiste en 1991, le TPLF a ensuite mené la coalition au pouvoir jusqu'à ce que des manifestations populaires débouchent sur l'arrivée d'Abiy Ahmed en 2018.
L’année suivante, en 2019, le TPLF est entré en conflit avec le gouvernement fédéral après s’être retiré du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF), la coalition au pouvoir. Ce retrait avait été motivé par la décision de trois partis membres de cette alliance de fusionner sous l’impulsion du Premier ministre pour devenir le nouveau Parti de la prospérité (PP).
Borgia Kobri
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