(Agence Ecofin) - Les discours politiques accusant les compagnies étrangères de piller les ressources nationales sont monnaie courante durant les campagnes électorales. Pour l’État, revoir les contrats miniers pour en tirer davantage profit n’est pourtant pas sans conséquence négative.
Pedro Castillo (photo), le candidat socialiste à la présidence du Pérou, a déclaré samedi 1er mai qu’il va s’atteler à réviser les contrats miniers en vigueur. En cas de victoire, cette décision pourrait affecter de nombreuses compagnies minières actives dans le pays, dont le géant BHP ou le sud-africain Gold Fields.
« Nous allons revoir les contrats. Assez de pillages de mon peuple », a déclaré M. Castillo, qui précise vouloir retenir dans le pays 70 % des revenus générés par les projets miniers et gaziers. L’ancien syndicaliste devenu homme politique n’est pas à sa première attaque envers les compagnies (étrangères) implantées dans le pays. Il indiquait déjà il y a quelques semaines sa volonté d’œuvrer à une meilleure redistribution des bénéfices générés par les richesses minérales, excluant toutefois la nationalisation des industries.
Couteau à double tranchant
Les clauses de stabilité des contrats miniers et les mécanismes de règlement des différends protègent en principe les compagnies de toutes modifications unilatérales de leurs accords avec les États. Néanmoins, plusieurs exemples, dont celui récent du bras de fer entre l’ancien président tanzanien John Magufuli et Acacia Mining, sont là pour rappeler qu’il est souvent difficile de s’opposer à la volonté politique d’un chef d’État.
Le revers de la médaille demeure tout de même la détérioration du climat des affaires et la fuite des investisseurs. En attendant, rappelons que, selon les résultats provisoires publiés mi-avril, Pedro Castillo est arrivé en tête du premier tour du scrutin présidentiel et sera opposé à Keiko Fujimori au second tour qui aura lieu le 6 juin.
Le Pérou est le deuxième producteur mondial de cuivre. Selon le Fraser Institute, le pays est la 34e meilleure destination au monde pour les investissements miniers, sur 77 juridictions évaluées en 2020. Dans ce classement, le Pérou se retrouve derrière notamment le Ghana, le Botswana et le Mali.
Emiliano Tossou
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