(Agence Ecofin) - Plusieurs pays d'Afrique subsaharienne feront face à un besoin de liquidité, pour soutenir leurs déficits budgétaires et continuer de répondre aux attentes de leurs populations en termes d'investissements pour le développement.
Des pays comme le Gabon, le Congo, le Kenya, le Mozambique ou encore la Zambie font déjà face à de tels problèmes. Des pays comme le Ghana, le Kenya ou encore le Togo les rencontreront cette année, en raison de la hausse des besoins de financements de leurs gouvernements.
La principale cause de cette pression sur les pays de la région est le besoin de financer leurs déficits budgétaires. Dans un environnement où les demandes sociales sont fortes et concernent parfois des services de base, les gouvernements qui ne parviennent pas à mobiliser efficacement des ressources financières locales seront forcés d'emprunter auprès des banques commerciales locales ou des intermédiaires financiers étrangers.
L'autre défi à surmonter est celui du remboursement des eurobonds émis des années antérieures, et dont les maturités vont commencer à tomber à partir de 2022. Mais il faudra constituer des provisions dès cette année 2020.
« La part élevée de la dette libellée en devises (en moyenne 57% en 2019) expose déjà de nombreux pays d'Afrique subsaharienne au risque de change, mais le passage à des emprunts moins concessionnels accroît le risque de restructuration », font savoir les experts de Moody's dans leurs perspectives pour la région.
Le problème avec ce besoin de liquidité, c'est qu'il risque de ne pas trouver une réponse satisfaisante auprès des banques locales. Les raisons sont variées selon les pays. Mais généralement, les gouvernements refusent de se retrouver dans des opérations financières qui augmentent le coût de l'endettement.
Certaines disparités apparaissent tout de même. En Afrique du Sud, les banques sont prudentes à prêter des ressources à un gouvernement dont la dette grossit significativement.
Au Nigeria, c'est une directive de la Banque centrale qui a sorti les banques commerciales du financement à court terme des bons du Trésor. Dans les autres pays notamment ceux d'Afrique subsaharienne francophone, les banques doivent faire face à des défis de régulation, couplés à une gouvernance économique assez contraignante.
Les investisseurs qui ciblent la dette des marchés frontières et émergents auront donc une nouvelle fois des opportunités de réaliser des placements, car les politiques de consolidation fiscale entreprises par les gouvernements d'Afrique subsaharienne tardent pour l'instant à porter des fruits. Mais on a pu voir que si les titres obligataires africains à court terme sont attractifs, il n’en est pas de même des emprunts à plus longue maturité. L'Afrique séduit, mais fait encore peur.
Idriss Linge
Abidjan, Côte d’Ivoire : « Private equity et venture capital, quels modèles de création de valeur pour les investisseurs, les entreprises et les Etats africains ? »