(Agence Ecofin) - Selon un éditorial publié par le président de l'institution de régulation du secteur bancaire en Chine, Guo Shuqing, le recours de la Banque centrale américaine à des injections massives d’argent dans le système économique expose le monde à une nouvelle crise financière.
La politique d'injection « illimitée » d'argent dans l'économie effectuée aux Etats-Unis conduit le monde vers un nouvel effondrement du système financier. Ainsi s’est exprimé Guo Shuqing (photo), président de l'institution de régulation du secteur bancaire en Chine, dans une publication le 16 août 2020 sur le site internet du magazine du parti communiste chinois.
« Il n'y a pas de déjeuner gratuit dans le monde ni de banquet permanent. Dans un système monétaire international dominé par le dollar américain, la politique d'assouplissement quantitatif illimité sans précédent des Etats-Unis consomme en fait le crédit du dollar américain, érode les fondements de la stabilité financière mondiale et aura des effets négatifs inimaginables », a fait savoir M. Shuqing.
Il explique que du fait de cette pratique américaine, les économies émergentes peuvent faire face à de multiples pressions telles que l'inflation importée, la contraction des actifs en devises, le taux de change et la volatilité des marchés financiers. Mais selon l'homme politique chinois, ce qui est plus grave, « c'est que le monde est à nouveau au bord d'une crise financière internationale ».
L'analyste tend surtout à démontrer que si les choses vont si mal dans le secteur financier chinois, c'est en réalité du fait des pratiques des économies développées qui adoptent des solutions de court terme face à la crise actuelle. La réflexion qui n'est pas loin d’une propagande revient sur les victoires du parti communiste chinois face aux différents risques financiers qu'a connus le pays.
Toutefois, la Chine n'est pas la seule à afficher les inquiétudes sur la situation actuelle du dollar qui a atteint son plus bas niveau depuis deux ans. Plusieurs fonds spéculatifs ont récemment cédé cette monnaie de leurs portefeuilles d'investissement au profit de l'euro, la monnaie européenne, qui apparait plus stable. Cela résulte du fait que la Banque centrale des Etats-Unis a procédé à des injections massives de liquidité pour prévenir des faillites au sein de l'économie américaine.
Elle a aussi baissé ses taux directeurs à des niveaux historiquement bas avec pour objectif d'accélérer la reprise économique, mais surtout faire décoller l'inflation. Malgré ces stabilisateurs, l'économie américaine cherche encore le chemin d’une reprise durable. Le chômage est toujours à un des niveaux les plus élevés des pays développés (11%) et l'issue de la prochaine élection présidentielle est incertaine.
Pour autant, il n'est pas facile de parler de risque de crise financière internationale sans parler du cas de la Chine. Le pays parvient difficilement à honorer ses engagements, en termes de quota d'importation des produits américains ; ce qui accroît les tensions commerciales avec les Etats-Unis.
De même, on a noté que les bénéfices de plus de 1000 banques commerciales chinoises ont connu la plus forte baisse en une décennie au cours du deuxième trimestre 2020. Ils ont été négativement impactés par un volume des créances douteuses en hausse qui ont atteint 2700 milliards de yuans (389 milliards de dollars) à fin juin 2020.
Pour permettre au secteur financier de souffler, la Chine a aussi joué sur les taux d'intérêt en les abaissant considérablement ; ce qui a provoqué un appétit des investisseurs pour les actions des sociétés cotées sur les bourses chinoises. Or, ces dernières évoluent dans un environnement économique devenu fragile. Du point de vue de certains analystes, cela couvre un risque d'explosion de bulle financière dans le pays.
Idriss Linge
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