(Agence Ecofin) - La mise en place d'un plan de renforcement de son actionnariat noir, encore appelé Black Economic Empowerment Scheme, a permis à l'opérateur téléphonique sud-africain Vodacom, de réduire le niveau d'impôts payés à l'Etat sud-africain au cours de son premier semestre pour le compte de l'année 2019/2020, qui s'est achevée à fin septembre 2019.
En effet, cette filiale détenue à 60% par le groupe britannique Vodafone s'est retrouvée avec une charge d'imposition de 27,5% sur la période de référence, contre près de 33,1% sur ses six premiers mois de l'année 2018/2019. L'entreprise explique en effet, que l'année dernière, sa fiscalité a été marquée par la mise en place d'un plan de renforcement de l'actionnariat noir, qui lui a coûté 1,4 milliard de rands.
Mais il y a aussi eu des gains comptables sur les activités en République démocratique du Congo, et la hausse de la part des associés qui a pesé sur le bénéfice avant impôt. Ce qu'on constate au final, c'est qu'alors que le groupe qui est présent dans plusieurs pays africains a annoncé une hausse de 20,8% de son bénéfice net sur la période, la part qui est reversée à l'administration fiscale est en baisse du fait des aménagements comptables.
Le tableau du compte de trésorerie est encore plus révélateur. Pour 3,2 milliards de rands effectivement déboursés pour le règlement des impôts au cours de son premier semestre, le groupe Vodafone a distribué près de 6,6 milliards de rands de dividende à ses actionnaires. Un des bénéficiaires est Public Investment Corporation, le gestionnaire du fonds de pension des retraités de la fonction publique sud-africaine, avec 13,5% de parts.
On y retrouve aussi le groupe d'actionnaires noirs sud-africains, le YeboYethu avec 6,23% des parts. Mais outre le groupe de téléphonie mobile britannique Vodafone, on retrouve de nombreux fonds d'investissements non sud-africains dans le capital de l'entreprise.
La question de la juste fiscalité des multinationales en Afrique est aujourd'hui au cœur des débats sur le développement.
On a par exemple remarqué récemment au Nigeria, que malgré des performances en baisse, la Nigeria Breweries a maintenu une généreuse politique des dividendes qui a majoritairement profité à son premier actionnaire, le groupe Heineken BV. Celui-ci est par ailleurs incorporé en Hollande, qui a des accords fiscaux avantageux avec plusieurs pays d’Afrique, et est présenté comme une juridiction à fiscalité souple.
Idriss Linge
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