(Agence Ecofin) - Au Burkina Faso, l’industrie sucrière pourrait, à terme, se retrouver en faillite si des mesures ne sont pas prises pour lutter contre la contrebande de la denrée. C’est ce qu’a expliqué Moctar Koné qui dirige la Société sucrière de la Comoé, société nouvelle (SN-SOSUCO), l’un des acteurs privés de ce secteur.
Dans une interview accordée à Burkina 24, M. Koné a déclaré que son entreprise éprouvait des difficultés à écouler sa production aux conditions actuellement offertes par le marché en termes de concurrence: «Notre sucre granulé est vendu à 490 FCFA le Kg à nos clients. Le sucre granulé importé est vendu entre 400 et 450 F/kg. Ce que les gens ne savent pas, c’est que ce sucre importé bénéficie d’une subvention déguisée en « valeur de référence » qui permet à l’importateur de bénéficier d’un dégrèvement de près de 80 FCFA/kg au prix actuel du marché international. Mais il faut noter qu’il y a sur le marché national du sucre de grandes quantités qui n’ont acquitté aucun droit d’entrée et qui posent des problèmes, même aux importateurs honnêtes. Il y a donc une concurrence déloyale comme pour beaucoup de produits industriels. Ce qui met sérieusement en danger l’économie nationale.»
Le dirigeant parle de la possibilité de voir 3000 personnes perdre leur emploi au sein de la SN-SOSUCO, mais, poursuit-il, le péril est plus grand. En effet, tous les emplois indirects tournant autour de la compagnie, qui investit annuellement 15 milliards de francs Cfa en frais externes, pourraient subir le contrecoup des déboires de la SN-SOSUCO. Sans la contrebande, la société qui a vu sa production augmenter de 24 000 tonnes à 34 000 tonnes, sur les dernières années, ne devrait normalement pas connaître de difficulté à commercialiser son sucre sur un marché qui absorbe annuellement 120 000 tonnes.
Le cri de cœur de Moctar Koné est analogue à celui lancé il y a un an par tous les producteurs sucrier de la région à l’occasion d’une conférence sur la contrebande dans le secteur, qui les réunissait à Mombasa au Kenya.
Aaron Akinocho
Meknès, Maroc.