(Agence Ecofin) - Le Japon envisage d'agrandir la base militaire qu'il avait installée en 2011 à Djibouti pour tenter de contrer l’influence grandissante de la Chine en Afrique, rapporte l’agence Reuters ce 13 octobre, citant trois sources officielles japonaises.
Tokyo envisage de louer l’an prochain un terrain adjacent à sa base existante située près de l’aéroport international Ambouli et de la base américaine du Camp Lemonnier, a précisé un porte-parole du ministère nippon de la Défense en réponse à une question de Reuters. « Le Japon est en négociations avec le gouvernement de Djibouti », a-t-il déclaré.
A partir de sa base existante qui s’étale sur 12 hectares et compte 180 hommes, le Japon participe aux patrouilles maritimes de la force internationale déployée pour chasser les pirates actifs dans le Golfe d'Aden et au large de la Somalie. Djibouti est situé dans la corne de l’Afrique à la rencontre du golfe d’Aden et de la mer Rouge, entre l’Érythrée et la Somalie. Ce petit pays de moins d’un million d’habitants est aussi très proche du détroit de Bab Al Mandab, une voie par laquelle transite 40 % du trafic maritime mondial.
Une autre source gouvernementale citée par Reuters a fait savoir que Tokyo prévoit de déployer des avions de transport C-130 sur sa base à Djibouti, ainsi que des véhicules blindés et plus de personnel en vue de disposer dans la Corne de l'Afrique d'avions à même d'évacuer des ressortissants japonais des zones de troubles ou en cas de catastrophe naturelle.
Cette extension de la base militaire nippone à Djibouti intervient dans un contexte de rivalité accrue avec la Chine. « La Chine investit dans de nouvelles infrastructures à Djibouti et y accroît sa présence, il faut donc que le Japon y acquière plus d'influence », explique-t-on de source officielle japonaise.
Le ministère chinois de la Défense avait annoncé en février dernier le début des travaux de construction d’une base militaire navale à Djibouti, la première du genre en Afrique. Selon Pékin, cette base servira à « effectuer des missions navales anti-piraterie au large de la Somalie, à fournir une assistance humanitaire et à faciliter la participation des troupes chinoises aux missions de maintien de la paix de l’ONU en Afrique ».
Mais selon les observateurs, cette première base navale de l'armée populaire de libération chinoise en Afrique, un continent devenu en 2009 le premier partenaire commercial de la Chine et où Pékin investit massivement depuis plusieurs années, servira également à sécuriser les importants intérêts commerciaux de la deuxième puissance économique mondiale dans la région et à positionner le géant asiatique en tant que grande puissance mondiale, au même titre que les Etats-Unis ou la France et le Japon qui disposent déjà de bases militaires à Djibouti.
Le Japon tente plus que jamais de ne pas se laisser distancer par la Chine en Afrique. Tokyo s'est engagé en août dernier à consacrer 30 milliards de dollars à des projets dans les secteurs public et privé, dans l'infrastructure, l'éducation ou la santé. Cet engagement intervient quelques mois seulement après la promesse faite par la Chine de consacrer 60 milliards de dollars à divers projets de développement sur le continent africain.
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