(Agence Ecofin) - Le mouvement est perceptible. Les hommes politiques marocains investissent de plus en plus les réseaux sociaux, note le quotidien Le Matin qui a d’ailleurs fait son enquête. Facebook et Twitter sont pour l’heure les plateformes les plus sollicitées. On y retrouve des ministres, des parlementaires et des leaders de partis politiques. Ils communiquent sur leur vie professionnelle, réagissent sur l’actualité ; même si beaucoup se limitent tout juste à être présents sans grande activité. Toujours est-il que l’engouement est là. Les pionniers sont même aujourd’hui devancés.
Le Premier ministre, Abdelilah Benkirane, détient le record de la page le plus visitée sur Facebook, avec plus de 500 000 fans. Elle est accessible à partir du site officiel de la primature. Sur Facebook, le Pm communique essentiellement sur ses activités de chef de l’Exécutif. Abdelilah Benkirane est moins présent sur Twitter où son compte totalise 7500 abonnés et ne compte que 90 tweets. Sa dernière activité ici remonte au 13 juin 2014.
Des ministres talonnent le chef du gouvernement. Le ministre du Tourisme, Lahcen Haddad, est le champion des tweets : plus de 15 000. Il semble avoir opté pour la communication instantanée. Les nouvelles de son ministère arrivent en ligne depuis son propre téléphone portable. Parmi les ministres présents sur les réseaux sociaux, il y a celui de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres, Lahcen Daoudi, suivi par son collègue délégué chargé du Transport, Mohamed Najib Boulif. Ce sont avant tout des cadres du parti PJD.
Les membres du gouvernement issus du Parti du Mouvement populaire ne sont pas en reste. Cinq des six ministres de cette formation sont actifs sur Internet. Mohammed Ouzzine qui s’occupe de la Jeunesse et des sports, frôle les 90 000 fans sur Facebook. Sa page est actualisée presque chaque jour, avec des actualités relatives à son département, des photos et des réactions du ministre sur l’actualité. Une activité similaire à ce que fait son collègue et camarade Lahcen Haddad, chargé du Tourisme.
Pour l’heure, la mouvance au pouvoir a une avance sur l’opposition. Réunies, les pages des principaux partis de l’opposition atteignent tout juste 13 000 fans. A savoir les pages du premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires ou du coordinateur de l’opposition au sein de la deuxième Chambre du parlement. Le jeune élu Mehdi Bensaïd, président de la commission des affaires étrangère à la première Chambre, est suivi par 8000 personnes sur Facebook et s’est fait 5000 amis.
L’un des précurseurs sur le Net, le socialiste Ahmed Reda Chami, ex-ministre de l’Industrie, perd du terrain. Il est suivi par plus de 17 000 personnes sur twitter et 20 000 sur Facebook. Cependant il est inactif depuis plus d’un an.
Analysant la présence des politiques marocains sur les réseaux sociaux, Nadia Lamhaïdi, professeur en sciences de la communication à l'Université de Rabat, affirme : « Cette présence, certes de plus en plus remarquée, est limitée et on ne peut pas encore parler d'une pratique ou d'un réflexe ancré et assumé dans l'arsenal des outils de communication politique. » Elle observe que le déficit se mesure en termes de présence et, surtout, en termes de contenus partagés. Elle ajoute que la création des pages relève encore des initiatives personnelles et non des institutions. « Les pages Facebook sont parfois gérées par des agences spécialisées, donc structurées et inscrites dans une stratégie d'occupation de la niche 2.0 », note Nadia Lamhaïdi. Mais elle préfère les pages de monsieur et madame tout le monde. « C'est peut-être le positionnement le plus opportun et le plus intelligent, car il permet un discours de proximité loin des fards d'une communication passe-partout, opportuniste, conjoncturelle et aseptisée. On a vu Abdelilah Benkirane faire le buzz avec une vidéo familiale avec son petit-fils. Cela peut être taxé de populiste, mais le populisme est, semble-t-il, vendeur sur les supports classiques : presse écrite entre autres. »
Mais le plus important, selon l’universitaire, c’est moins la présence et les contenus. Il faut d’abord questionner la stratégie de communication de la classe politique marocaine et, le cas échéant, adapter cette stratégie aux médias sociaux. Ceux-ci deviendront alors une aubaine pour les échéances électorales à venir.
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