(Agence Ecofin) - Les partis politiques marocains et leurs champions ont-ils une popularité surfaite sur Twitter ? Oui. Tous affichent au minimum un tiers de faux followers. C’est la conclusion à laquelle a abouti une enquête réalisée par le site d’information Al Huffington Post Maroc.
L’enquête fait un classement des hommes et des partis politiques ayant la plus« audience fictive »sur Twitter en cette période de campagne pour les élections communales et régionales du 4 septembre prochain. L’audience fictive est constituée de« fake followers », selon l’expression anglaise, c’est-à-dire les fans inactifs ou fictifs, parfois achetés auprès d’une de ces sociétés spécialisées dans le marketing digital. Il y a aussi des internautes réels recrutés juste pour gonfler la popularité d’un homme ou d’un parti politique.
Dans cette course à la popularité, la palme d’or est attribuée au président de la Chambre des représentants, Rachid Talbi Alami, candidat aux élections régionales sous les couleurs du parti RNI. Il totalise 68% de faux abonnés sur les 978 de son compte. Quant à l’ex-ministre Moncef Belkhayat, il enregistre 67 200 abonnés dont 65% sont fictifs. Une popularité qu’il dit mettre au service du RNI. Derrière ces 2 premiers, il y a tous les hommes politiques présents sur Twitter. Chacun d’eux affiche au moins 30% de fake followers.
Les proportions de faux fans sont moins importantes dans la popularité des partis. Le PJD totalise 28% de fake parmi ses 57 900 abonnés. Le PAM affiche 1006 abonnés avec 36% de suiveurs suspects pour leur irrégularité. Pour le RNI, il y a 33% sur les 2060 abonnés. Même les partis ayant une faible popularité comptent aussi des faux abonnés. Ils sont 15% parmi les quelque 87 followers du MP. Le PPS affiche 34% de faux parmi ses 223 abonnés.
Cette enquête a été possible grâce à l’outil « Twitter Audit » qui permet d’analyser la qualité de l’audience de chaque compte sur Twitter. Mais les résultats de cet outil ne traduisent pas forcément la vérité, préviennent les experts. « Twitter Audit se base sur des algorithmes dont les critères ne sont pas fiables à 100% », explique Mehdi Mourabit, manager au sein de l’agence de communication digitale We Beuz.
Par ailleurs, il n’est pas évident d’établir la véracité de l’achat des fans. « Les comptes dits fake peuvent simplement être inactifs ou de création récente. Rien ne permet de dire que les hommes politiques les plus suivis ont acheté des faux suiveurs », explique Marouane Harmach, consultant en stratégie digitale et auteur de plusieurs études sur la communication politique sur les réseaux sociaux.
A ces réserves, il faut ajouter les réfutations de l’ex-ministre Moncef Belkhayat qui défend l’authenticité de ses 67 200 fans sur Twitter. « Je n’ai jamais acheté de followers et je n’ai jamais fait de publicité sur Twitter. J’ai créé mon compte il y a 5 ans. Après avoir quitté le gouvernement, j’ai continué à interagir avec mes followers », indique-t-il.
La polémique marocaine n’est pas la première dans le monde. A l’occasion de l’élection présidentielle de 2012, le candidat républicain Mitt Romney avait été accusé d’acheter de faux followers sur Twitter. Cette accusation faisait suite à l’explosion fulgurante de son nombre d’abonnés, sachant que plus on a une forte popularité, plus il y aura de nouveaux fans. Depuis, les comptes des stars et des hommes politiques sont analysés à la loupe.
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