(Agence Ecofin) - « Nous ne devrions pas avoir peur que les médias soient contrôlés.Même le Parlement est contrôlé, ainsi que les juges », a déclaré Hlaudi Motsoeneng, tout puissant directeur des opérations de la SABC, le groupe audiovisuel public en Afrique du Sud. Ce mardi 18 août 2015, il répondait à une question lors d’une réunion du Parlement consacré au portefeuille de la communication.
Au député du parti Democratic Alliance (DA) qui lui a posé la question, Hlaudi Motsoeneng a dit : « Même vous, au sein du DA, vous êtes soumis au contrôle. Alors pourquoi ne pouvons-nous pas contrôler les journalistes. Je vous pris honorables parlementaires de soutenir ceci. » Lors d’un débat télévision la veille, il avait déjà accusé les enseignants de journalisme d’empoisonner l’esprit de leurs étudiants.
Hlaudi Motsoeneng est très critiqué en Afrique du Sud, notamment par les médias qui le présentent comme un protégé de la ministre de la Communication, Faith Muthambi. Il demeure à la SABC bien que la justice ait demandé par deux fois sa suspension. Interrogée sur la sortie de Hlaudi Motsoeneng, la ministre Faith Muthambi a juste souligné la nécessité pour les médias d’aider à construire le patriotisme et promouvoir le renforcement de la nation.
Pourtant, les propos tenus devant le Parlement par Hlaudi Motsoeneng rappellent des tentatives de contrôle des médias par le gouvernement. En 2013, plusieurs journaux avaient bravé l’interdiction de montrer la résidence du président Jacob Zuma à Nkandla, dans la province du KwaZulu-Natal. Le ministre de la Sécurité d'État et celui de la Police avaient même menacé de faire arrêter les contrevenants à cette mise en garde. Il n’en a été rien. A l’époque, la directrice générale par intérim du Système d’information et de la communication (GCIS), Phumla Williams, avait condamné la publication dans la presse des photos de la maison du président Zuma. Le GCIS a la charge s’assurer la communication et le marketing du gouvernement.
Cette même année 2013, le chef de l’Etat avait demandé aux médias d’adopter une ligne éditoriale plus « positive ». Il reprochait aux médias de ne montrer que ce qui est négatif dans le pays. Deux ans auparavant, le gouvernement avait proposé un projet de loi d’un tribunal spécial dirigé par le Parlement, chargé de juger les journalistes qui « font mal leur travail ». La vive protestation de la société civile avait finalement eu raison du texte.
En Afrique du sud, la régulation des médias est assurée par des mécanismes qui échappent à tout contrôle de l’autorité publique. Il y a le Conseil de la presse (Presse Council), le médiateur (Ombudsman) et le tribunal des pairs (Appeals Panel). En plus, les journalistes ne suivent que les codes de conduite que la profession a librement adoptés. Il y a notamment le Code du Conseil de presse ou encore celui de l’Association des professionnels des médias numériques et du marketing.
Assongmo Necdem
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