(Agence Ecofin) - Qu’est ce qui fait obstacle au plein exercice de la liberté de presse et de la liberté d’expression à Madagascar ? Les réponses à cette question ont été apportées au cours de la conférence-débat organisée ce 15 septembre pour marquer la Journée internationale de la démocratie. Une initiative des anciens bénéficiaires du Youth Leadership Training Program offert par le Friedrich Ebert. Une initiative appuyée par les participants au programme de formation de jeunes journalistes.
Au rang des obstacles aux libertés de presse et d’expression, il y a la loi qui punit la cybercriminalité. Ce texte fait peser sur le citoyen la menace d’aller en prison. Au finish, beaucoup choisissent l’autocensure, car exprimer sa colère ou critiquer les autorités constitue un danger.
Pour la bloggeuse Mialisoa Randriamampianina, il faut abroger ce qui fait problème dans la loi et ensuite doter Madagascar d’un Code de la communication qui proscrit définitivement les peines de prison en cas de diffamation, d’injure, d’outrage et de calomnie. Il faut emprisonner uniquement ceux qui persistent dans la récidive, propose la magistrate Nelly Rakotobe. Pour elle, il faut commencer par des amendes. Le vice-président de l’Assemblée nationale, Freddie Mahazoasy (photo), se dit défenseur de la liberté totale. Il promet de proposer des amendements dans ce sens à ses collègues députés. Mais rien n’est sûr qu’il réussisse.
Il faudra aussi convaincre le gouvernement dont la position reste floue, rappelle le journaliste Iloniaina Alain. Le nouveau chef de l’Etat, Hery Rajaonarimampianina s’est déclaré contre l’emprisonnement des journalistes pour diffamation. Mais son gouvernement vient de faire voter une loi qui durcit les peines de prison pour ce même délit de presse.
Un autre obstacle au travail du journaliste malgache est le difficile accès à l’information. C’est pourquoi il faut une charte sur l’accès à l’information, qui oblige les officiels à répondre aux demandes d’information et contraint en retour les journalistes à donner tous les aspects du sujet traité, y compris la partie officielle. Il faut en finir avec la culture du secret et la mauvaise circulation de l’information, qui empêche même la communication entre les institutions, dit Nelly Rakotobe. La magistrate rappelle que le fonctionnement de l’Etat en prend finalement un coup.
Mais la loi n’est pas seule à faire obstacle à la liberté de la presse. Il y a aussi les bas salaires et les mauvaises conditions de travail des journalistes. Pour résoudre ce problème, il faut créer un environnement dans lequel les entreprises puissent rentabiliser leurs activités afin d’avoir les moyens de bien traiter leur personnel.
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