(Agence Ecofin) - Ils n’ont plus jamais eu accès à leurs bureaux depuis le 25 juin 2014. Ce sont les 20 journalistes de l’ORTO, l’office de radio et de télévision de l’Etat d’Oromia en Ethiopie. Ils n’ont jamais reçu de lettre de licenciement ou d’explications. Ils ont juste appris de la direction de l’entreprise que leur renvoi a été ordonné par le gouvernement. Raison avancée : la « vision politique étroite » de ces employés. « Maintenant, nous sommes dans la clandestinité. Depuis nous craignons qu’ils trouveront des excuses pour nous arrêter bientôt », déclare sous anonymat un journaliste cité par l’Ong le Comité de protection des journalistes (Cpj).
Les déboires des journalistes avaient commencé au lendemain de l’atelier gouvernemental au cours duquel a été discuté le controversé projet d’expansion de la ville d’Addis-Abeba sur le territoire de l’Etat d’Oromia. En mai dernier, des étudiants qui manifestaient contre ce projet, avaient été violemment réprimés par les forces du maintien de l’ordre.
Les journalistes licenciés sont ceux qui, au cours de l’atelier, avaient critiqué la brutalité contre les étudiants. L’ORTO, suivi par des millions de citoyens de l’Etat d’Oromia, avait à peine couvert cette manifestation. Ce qui a été vécu comme une censure. Auparavant, le média avait ouvert ses antennes à des militants du parti au pouvoir, qui avaient curieusement critiqué le plan gouvernemental d’extension de la capitale Addis-Abeba.
« S’ils ne peuvent pas vous endoctriner dans leur pensée, ils vous tirent », se plaint un journaliste licencié lui aussi. Le Cpj cite une source à la direction de l’ORTO, selon laquelle le gouvernement exige un « journalisme de développement » ; ce qui signifie que les journalistes doivent dire du bien de l’action gouvernementale.
Reporters sans frontières a également condamné le licenciement des 20 journalistes. Dans son classement mondial de la liberté de la presse en 2014, l’organisation a placé l’Ethiopie au 143ème rang sur 180 pays.
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