(Agence Ecofin) - Des policiers ont été séquestrés dans les locaux de la chaîne de télé Afrique Média sis à Douala, la capitale économique du Cameroun. Ils étaient venus y poser des scellés ce 10 août 2015. Un déploiement de 3 commissariats (le Central n°2, les 10ème et 11ème arrondissements), en plus de l’Equipe spéciale d’intervention rapide (Esir). Pourtant, ils ont été impuissants face à la foule.
Il est environ 15h lorsque la présence policière est remarquée au quartier Ndogbong où se trouve la chaîne Afrique Média. D’après les témoignages rapportés par le quotidien Le Jour, les policiers ont été rejoints à l’intérieur du bâtiment par une foule d’hommes, de femmes et d’enfants. Dehors, ils sont encore plus nombreux. « Les habitants du quartier ont fermé le portail à l’aide de grosses chaines », raconte Tony Michael Menga, journaliste à Afrique Media.
Les policiers ont finalement capitulé. La foule les a hués puis a entonné l’hymne national du Cameroun. « Ils ont été obligés de négocier pour ressortir », affirme Jules Njawé, le conseiller du président directeur général d’Afrique Média, Justin Blaise Tagouh.
La force publique était venue exécuter la décision prise depuis le 4 juin 2015 par le Conseil national de la communication qui suspend la chaîne Afrique Média pour une période d’un mois. Mais Jules Njawé dénonce le fait que les policiers n’aient été accompagnés ni par un membre du Cnc, ni par l’autorité administrative chargée de faire appliquer la décision du régulateur.
Pourtant, la direction régionale d’Afrique Média à Yaoundé a été placée sous scellés le 6 août dernier, sans qu’il n’y ait eu de résistance. La chaîne continue d’émettre depuis Douala. Sur les réseaux sociaux, une mobilisation était annoncée pour sauver cette chaîne de télévision qui connaît un certain succès au Cameroun. Elle tient un discours panafricaniste et dénonce « l’impérialisme des puissances occidentales ». La France et les Etats-Unis y ont été taxés de tentative de déstabilisation du Cameroun via le soutien aux terroristes de Boko Haram.
C’est ce discours, qualifié d’extrémiste, qui a valu à la chaîne une suspension d’un mois en plus des 6 mois infligés à 2 de ses journalistes. Mais Afrique Média a toujours refusé de s’exécuter. Elle a même saisi le tribunal administratif pour surseoir à la décision la suspendant. Le verdict du juge reste attendu.
Assongmo Necdem
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