Tunisie : le syndicat national des journalistes accuse le gouvernement de museler la presse sous prétexte de l’état d’urgence

(Agence Ecofin) - Les médias sont en danger en Tunisie, selon le syndicat national des journalistes (Snjt). L’organisation en veut pour preuve, l’interdiction de parution du journal Thawra News. Il s’agit d’une «décision arbitraire » prise par le ministère de l’Intérieur. Le syndicat dénonce aussi la censure imposée à l’émission Le rendez-vous, sur la chaîne Hannibal Tv. L’émission n’est pas passée ce dimanche 9 avril 2017. L’invité devait être le directeur du cabinet de la présidence de la République, Ridha Belhadj.

A propos de l’interdiction du journal Thawra News, le Snjt a rendu public un communiqué dans lequel il relève que l’état d’urgence instauré en Tunisie depuis novembre 2015, est devenu le prétexte du musellement des médias surtout ceux du secteur public. Le Syndicat dénonce la volonté du gouvernement de « recycler les symboles de la propagande de l’ancien régime pour contrôler la scène médiatique et les rouages de l’Etat dans une tentative de faire échouer le processus démocratique et revenir à l’époque de la dictature ».

Le Snjt demande au ministère de l’Intérieur de lever l’interdiction du journal Thawra News, et de laisser l’affaire entre les mains de la justice pour un procès équitable. Le syndicat reconnait en effet, que la publication est au moins coupable d’injure ou de diffamation envers des personnes et des institutions.

La censure de l’émission Le rendez-vous a également fait l’objet d’un communiqué du Snjt. Celui-ci regrette la volonté d’empêcher l’invité, Ridha Belhadj, de parler de certains sujets en relation avec la présidence du gouvernement, notamment le limogeage d’Habib Essid, et l’interventionnisme du palais dans les nominations.

Le Snjt revient sur un autre cas de bâillonnement de la presse, affirmant qu’il a la preuve que le conseiller médiatique du chef du gouvernement, Mofdi Mseddi, avait empêché la journaliste Raoudha Allegui en service à Jawhara Fm, de travailler sur le remaniement ministériel de février dernier.