(Agence Ecofin) - Aucun risque de dévaluation du dirham, a annoncé, lundi, Abdellatif Jouahri (photo), gouverneur de la Banque centrale marocaine. Le patron de la politique monétaire du Maroc, ancien ministre des Finances dans les années 80 où le royaume chérifien avait connu une dévaluation qui a laissé des séquelles, est monté au créneau pour couper court aux rumeurs alimentées par l’ensemble des banques commerciales du pays.
M. Jouahri a expliqué les tenants et les aboutissants du processus de la libéralisation du dirham, qualifiant « d’attaque spéculative » les manœuvres récentes des banques locales. Selon le dirigeant, les banques ont abusé des opérations de couverture de change proposées à leurs clients, ces derniers jours, poussant l’autorité monétaire à exercer un contrôle ponctuel sur les transactions pour s’assurer qu’elles ne sont pas le fruit de la spirale spéculative.
« Je tiendrai une conférence de presse avec le ministre des Finances, d'ici la fin du mois de juin pour annoncer la date de la première phase […] Prévoir une dévaluation du dirham avant de faire flotter la monnaie serait contre-productif », a déclaré le responsable.
Quelques mois plus tôt, l’institution monétaire avait annoncé qu’elle entamerait au second semestre de cette année, un processus de passage graduel et partiel à un régime de change flexible pour mieux contenir les chocs externes. L’opération devrait s’étaler sur 15 ans.
Intervenant sur le sujet, il y a peu, l’agence de notation Fitch Ratings avait souligné que cette réforme aurait un impact limité sur la situation macroéconomique du pays, notamment sur le secteur bancaire, tout en écartant toute possibilité de dévaluation.
Selon l’agence, les risques externes liés à la volatilité des taux de change devraient être amortis par les fortes réserves et la ligne de précaution et de liquidité du FMI dont dispose le Maroc. Bien qu’elles se soient érodées de 44 milliards de dirhams (4,49 milliards $) durant les deux derniers mois, les réserves de change actuelles du pays peuvent couvrir plus de 6 mois d’importation, selon les données de la Banque centrale du Maroc. Cette baisse est surtout due aux spéculations d’avant libéralisation et les opérations de couverture.
Pour rappel, le dirham est actuellement arrimé à un panier de devises composé de l'euro qui, depuis 2015, en représente 60% et le dollar américain, 40%. Bank Al-Maghrib (Banque centrale du Maroc) pour maintenir la valeur de la monnaie au niveau souhaité, intervient sur le marché des changes en achetant ou en vendant du dirham, selon les besoins.
Fiacre E. Kakpo
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