(Agence Ecofin) - Commentant le contenu des publicités diffusées en Egypte actuellement, le chercheur Samy Abdel Aziz, ancien doyen de la faculté des communications de masse de l’Université du Caire, affirme : « l’appareil médiatique entier est vicié ... le climat est défavorable à la fois pour le public et les annonceurs ». Les propos de Samy Abdel Aziz, parus dans le journal égyptien Daily News, viennent corroborer la dénonciation faite par le Centre du Caire pour le développement (Cairo Centre for Development-CCD), une Ong œuvrant pour le développement et les droits de l’Homme.
Le CCD affirme que la période du Ramadan en cours est marquée en Egypte par la diffusion à la télé des publicités faisant la promotion du harcèlement et des violences domestiques contre les femmes et les enfants. Les annonceurs sont accusés d’exploiter ces problèmes à des fins de marketing. Il est à noter que certaines annoncées ont été interdites par l’Agence de protection du consommateur (Consumer Protection Agency-CPA), notamment l’annonce de la société Fox Chips. L’agence a décidé de sévir après avoir reçu plusieurs protestations.
Il est reproché au spot de Fox Chips de véhiculer la violence domestique et une mauvaise image de la parentalité. Son interdiction est saluée par Samy Abdel Aziz et le CCD. L’Ong relève d’autres annonces à problèmes, selon elle. Il y a notamment ce film publicitaire qui met en scène l’acteur égyptien Amr Youssef. Il marche dans la rue et fait des remarques déplacées à des femmes ; ce qui semble banaliser le harcèlement sexuel. L’attitude d’Amr Youssef a également été condamnée par les membres de l’initiative anti-harcèlement baptisée « I Saw Harassment » (Je vois le harcèlement).
Le CDD relève aussi le programme télévisé de l’acteur Ramez Galal intitulé « Ramez Wakel El-Gaw ». Il a organisé une farce avec l’actrice et top model américaine Paris Hilton. Ils sont tous les deux serrés dans un avion qui pique du nez, simulant un crash. Dans cette cascade, le contact physique entre Ramez Galal et Paris Hilton est tel que le CCD conclut à la promotion du harcèlement sexuel.
Samy Abdel Aziz déplore le cas des publicités qui violent le code déontologique des médias, citant l’exemple un spot de l’opérateur des télécoms Etisalat qui tourne en dérision le concurrent Vodafone. « Ce genre de compétition est totalement inacceptable sur le plan professionnel », dit le chercheur pour qui les propriétaires de chaînes de télévision satellitaire devraient être tenues pour responsables du contenu des publicités diffusées.
Il est à noter que le Ramadan est la période faste du marché publicitaire en Egypte et dans les autres pays arabes. Les médias sont en concurrence pour récolter le maximum d’audience afin d’attirer le plus grand nombre d’annonceurs. En un mois, il y a quelques 500 millions de livres égyptiennes à se partager, soit environ 30% des recettes publicitaires annuelles.
Pourtant, Samy Abdel Aziz craint que la course au gain aboutisse à une situation où le public est dépité par le contenu télévisuel qu’il ne regarde plus, au grand dam des annonceurs dont les produits sont déconsidérés.
Assongmo Necdem
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