(Agence Ecofin) - En Afrique du Sud, on reparle du projet de loi portant interdiction totale de la publicité de l’alcool dans les médias et les lieux publics. Le texte proposé par le gouvernement depuis 2013 n’est toujours pas passé au Parlement.
S’exprimant devant les parlementaires ce mois d’avril 2016, la ministre des Communications, Faith Muthambi (photo), a indiqué que ce projet de texte menace un marché de la publicité estimé à 400 millions de rands, soit un peu plus de 27,6 millions $. C’est le montant global investi par les entreprises de produits alcoolisés dans les campagnes promotionnelles, les actions sociales ou encore les sponsorings. La ministre s’appuie sur l’évaluation faite par l’étude AdEx menée par le groupe américain Neilsen, spécialisé dans les études de marché et les mesures d’audience dans le secteur de l’information et de la communication.
La ministre s’est spécifiquement intéressée au manque à gagner de la SABC, le groupe audiovisuel public, si jamais le projet de loi est voté. La publicité de l’alcool représente 8,5% des recettes publicitaires de la SABC qui regroupe 5 chaînes de télévision et une vingtaine de stations de radio nationales ou régionales. Dans tous les cas, l’interdiction totale de la publicité dans les médias impactera négativement sur ces derniers et sur l’ensemble du secteur de la communication, a prévenu la ministre.
A côté des mises en garde de la ministre des Communications, il y a les inquiétudes du ministère des Sports et celui des Arts et de la Culture. En effet, l’industrie de l’alcool sponsorise les compétitions sportives à hauteur de 48 millions d’euros par an. A côté de ce manque à gagner, il y a les suppressions d’emplois que les entreprises du secteur de l’alcool ont déjà brandies.
Pourtant, le gouvernement sud-africain veut réduire l’exposition et la promotion de l’alcool, notamment auprès des jeunes. L’alcoolisme est devenu un problème de santé publique en Afrique du Sud. En 2013, le ministère du Développement social avait évalué à 18 milliards d’euros, soit plus de 20 milliards $, le coût des méfaits causés par l’alcoolisme.
Pour l’Organisation mondiale de la santé, il faut s’attaquer au grand marché de la publicité car, le marketing de l’alcool fait appel à des techniques publicitaires et promotionnelles de plus en plus élaborées. Les marques d’alcool s’associent à des activités sportives ou culturelles auxquelles se reconnait la jeunesse.
Assongmo Necdem
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