(Agence Ecofin) - La première puissance économique africaine se rend aux urnes ces samedi et dimanche pour élire son président. L’issue de cette épreuve électorale aura une influence majeure sur l’avenir du continent. Si la démocratie l’emporte, le Nigeria confortera son statut de locomotive économique et culturelle du continent. Si la violence prend le dessus, c’est toute l’Afrique qui pourrait s’enrhumer.
Le scrutin se déroule sur une poudrière. Primo, Boko Haram a annoncé son projet d’attenter à ces élections. Secundo, le match est serré et particulièrement tendu entre le sortant Goodluck Jonathan (photo à gauche) et son principal rival Muhammadu Buhari (photo à droite).
Distancé dans les sondages à la veille de l’élection, initialement prévue le 14 février, M. Jonathan a gagné 6 précieuses semaines en reportant le scrutin jusqu’à ce samedi 28 mars. Entre temps, quelques victoires modestes contre Boko Haram lui ont permis de faire son retard et de se présenter à l’heure H au coude à coude avec son rival.
Goodluck Jonathan, élu en 2011 avec près de 60% des voix, a bénéficié durant son mandat d’une conjoncture favorable qui a permis à son pays de s’imposer en première puissance économique continentale. Mais il a échoué sur trois points essentiels : tout d’abord, il n’a pas su endiguer la corruption. Ainsi, le gouverneur de la banque centrale Sanusi Lamido a été limogé l’an passé juste après avoir dénoncé la disparition de 20 milliards de dollars dans la filière pétrolière. Ensuite, M. Jonathan a laissé les inégalités se creuser entre un sud chrétien en pleine croissance et un nord musulman abandonné au chômage. Enfin, sous sa présidence, Boko Haram n’a cessé de progresser jusqu’à contrôler des régions entière et commettre ses atrocités en toute impunité. On pourrait également citer la chute du prix du baril qui vient ternir son bon bilan économique. Ou encore son insistance à briguer ce nouveau mandat, alors qu’une tradition d’alternance aurait voulu qu’il cède la place à un musulman du nord.
Cette accumulation de problèmes lui a valu d’être lâché par une fraction importante de son propre parti, dont son mentor l’ex-président Olusegun Obasanjo.
Pendant ce temps, en bon militaire, Muhammadu Buhari, son rival malheureux en 2011, cultive son image d’homme à poigne, respecté par l’armée, plus à même, selon ses arguments, de débarrasser le pays de Boko Haram et de la corruption.
L’ex président du Ghana, John Kufuor dirige la mission d’observation électorale de la CEDEAO, forte de 250 observateurs, dont les conclusions « vont incontestablement servir de référence pour mesurer la crédibilité de l’élection. » assure M. Kufuor qui sait parfaitement qu’une fois les scrutins de samedi et dimanche passés, le plus dur restera a accomplir : annoncer les résultats.
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