(Agence Ecofin) - A moins de trois semaines des élections, le Congrès national africain (ANC) se fissure. Deux caciques du parti au pouvoir en Afrique du Sud depuis la fin de l’apartheid en 1994 appellent désormais à ne pas voter pour la formation de Nelson Mandela en signe de protestation contre la corruption et le népotisme qui règnent aujourd’hui en Afrique du Sud. Il s’agit de Ronnie Kasrils, ancien ministre des Services de renseignement, et Nozizwe Madlala-Routledge (photo), ancienne ministre adjointe à la Santé.
«Nos dirigeants doivent constater qu’il y a un nombre croissant de personnes mécontentes dans notre pays», a déclaré Nozizwe Madlala-Routledge à l'Université de Witwatersrand à Johannesburg. «Nous appelons tous les Sud-Africains à sortir le 7 mai pour utiliser leur droit de vote pour lequel des gens sont morts ... Utiliser votre droit pour exprimer vos sentiments à l’égard de nos dirigeants», a-t-elle ajouté.
Ronnie Kasrils a, quant à lui, estimé qu’«il temps que le parti au pouvoir arrête de croire que le vote des Sud-Africains lui est acquis».
Ce n’est pas la première fois que des voix discordantes se font entendre au sein du parti au pouvoir, mais c’est la première fois que des poids lourds appellent à ne pas voter pour le parti de la lutte anti-apartheid. Ronnie Kasrils et Nozizwe Madlala-Routledge, qui se sont gardés d’appeler ouvertement les Sud-africains à voter pour l’opposition, rejoignent ainsi groupe de déçus de l’ANC, les Sidikiwes, «ceux qui en ont assez» en langue Xhosa. Ce mouvement aura peu d’impact sur les élections, selon plusieurs analystes. Il reflète, toutefois, une fracture grandissante au sein de l’ANC, qui risque de s’amplifier après le scrutin.
Au pouvoir depuis vingt ans, l’ANC est de nouveau le grand favori pour les élections du 7 mai. Selon un sondage Ipsos publié fin mars, le parti du président Jacob Zuma obtiendrait 66,1 % des voix le 7 mai, soit plus que les 65,9 % obtenus lors des élections de 2009.
L'Alliance démocratique (DA), le principal parti de l'opposition, obtiendrait 22,9 %, une belle progression par rapport aux 16,6 % recueillis en 2009, mais un résultat qui serait très en deçà des 30 % espérés. Avec un tel score, la DA, souvent taxé par l'ANC d’être un «parti de Blancs», raterait sa percée dans l'électorat noir (80 % de la population) dont il n'obtiendrait que 6,5 % des voix contre 87 % chez les Blancs (9 % de la population). Il serait également majoritaire chez les métis (9 % de la population) et les Indiens (2 %).
Les Combattants pour la liberté économique (EFF), la nouvelle formation radicale de l'ex-chef de file des jeunes de l'ANC Julius Malema, serait troisième avec 3,7 % des voix.
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