(Agence Ecofin) - Le géant des matières premières Trafigura, basé à Genève, a interrompu un lucratif contrat pétrolier au Nigeria pour se prémunir contre des accusations d’opacité et de favoritisme, rapporte le 16 janvier le journal genevois Le Temps.
Il s’agit d’un accord de swap, en vigueur depuis l’automne 2010 au moins, qui prévoyait la livraison par Trafigura de produits pétroliers raffinés (essence, kérosène, etc) en échange de brut nigérian avec la société publique Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC).
Selon les extraits du contrat de 2010 obtenus par Le Temps, le trader suisse recevait 60 000 barils par jour, ce qui représenterait l’équivalent de 2,2 milliards de dollars par an, avec un prix du baril à 100 dollars. « C’est fini, les dernières livraisons ont eu lieu en décembre », a rapporté Le Temps, citant une source proche du dossier de cet accord signé entre Trafigura et la Pipelines and Product Marketing Company (PPMC), une filiale de la NNPC.
D’après le journal genevois, un rapport de la Déclaration de Berne, de Swissaid et du Natural Resource Governance Institute avait qualifié d’«opaque», juillet dernier, l’accord entre Trafigura et la PPMC. « L’octroi de tels contrats par le Nigeria est un processus discrétionnaire et politisé, dans lequel les entreprises gagnent ou perdent des allocations de pétrole en fonction de leurs relations avec les fonctionnaires chargés du dossier et de l’influence de leurs contacts et sponsors locaux », indiquait le rapport, apprend-on.
A l’origine, l’accord entre Trafigura et la NNPC devait permettre au Nigeria de s’approvisionner en produits raffinés et renforcer le volume fourni par les quatre raffineries du Nigeria qui ne tourneraient qu’à 20% de leurs capacités.
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