(Agence Ecofin) - En Afrique de l’Ouest, les lacunes dans les politiques de gestion des pêches nourrissent la spirale du déclin des ressources halieutiques, constaté depuis quelques années. C’est ce qu’estime le nouveau rapport de Greenpeace baptisé « Coût de la destruction de l’océan », publié hier.
Pour arriver à cette conclusion, l’Organisation a mené une expédition de 11 semaines grâce à son bateau Esperanza dans les zones économiques exclusives (ZEE) du Sénégal, de la Guinée-Bissau, de la Guinée, de la Mauritanie, la Sierra Leone et du Cap-Vert.
« Le système de gestion des pêcheries en Afrique de l’Ouest manque de profondeur »
D’après l’ONG internationale, la gouvernance insuffisante dans la région en matière de pêches se traduit essentiellement par le manque de surveillance et de capacité de contrôle, de moyens humains et de transparence.
Ces défaillances jouent en faveur des opérateurs peu scrupuleux de navires de pêche lointains en provenance des pays de l’UE, de la Chine, la Corée du Sud ou de la Russie, et encouragent la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (pêche INN) sur un territoire couvrant plus de 1,5 million de km².
Cette pratique illégale a un impact négatif sur l’activité de pêche artisanale de la région ouest-africaine qui emploie environ 1 million de personnes et génère 3 milliards de dollars par an, indique Greenpeace.
Si les pays concernés se sont dotés depuis 1985, d’une Commission Sous-Régionale des Pêches (CSRP) pour le renforcement de leur coopération dans le sous-secteur halieutique, de nombreux défis demeurent.
Ainsi, précise Greenpeace, l’activation d’un système d’identification automatique (AIS) n’est toujours pas obligatoire dans la région alors même qu’il pourrait être utile aux activités de surveillance des gouvernements, et renforcer la transparence des chalutiers.
Ce dispositif, une fois opérationnel, permet en effet aux navires de communiquer aux autorités compétentes, des données sur leur évolution dans les zones océaniques (position, cap et vitesse).
En outre, s’agissant du système de surveillance des navires de pêche par satellite (Vessel Monitoring System-VMS) auxquelles sont soumis les navires dotés d’une licence de pêche dans les pays de la région, l’Organisation fait remarquer que la gestion dépend intégralement des Etats et des entreprises ; ce qui ne favorise pas un accès du grand public aux données.
« Une action urgente est nécessaire »
Pour Greenpeace qui dit pointer fréquemment du doigt ces problèmes susmentionnés, une réponse urgente est indispensable afin de non seulement limiter la pêche INN mais aussi renforcer la gestion durable des pêcheries de la région.
Parmi les mesures préconisées, figurent entre autres l’évaluation régulière et exhaustive des captures et des débarquements ainsi que l’instauration d’un régime de sanctions harmonisé à l’échelon régional face à la pêche INN.
Outre ces dispositions, Greenpeace appelle tous les Etats de la CSRP à adhérer à l’Initiative pour la Transparence des Pêches (FITI), et à publier des listes nationale et régionale des bateaux catégorisés comme pratiquant la pêche INN.
Pour rappel, selon les estimations, les activités de pêche INN coûtent aux Etats de la CSRP environ 1,9 milliard de dollars par an.
Espoir Olodo
Meknès, Maroc.