(Agence Ecofin) - Depuis novembre 2014, l’opérateur historique des télécommunications Algérie Telecom, et l’opérateur de téléphonie mobile Mobilis, sa branche mobile, se livrent une bataille silencieuse. Selon le quotidien El Watan, la source du conflit est la volonté de Mobilis de voler de ses propres ailes en se dotant de son propre réseau de fibre optique qui lui permettra de se hisser au niveau de ses concurrents Ooredoo et Djezzy et de rivaliser avec eux dans la fourniture de services télécom de classe mondiale. C’est la raison pour laquelle Mobilis avait lancé, en novembre dernier, un appel d’offre pour la «fourniture, l’installation et la mise en service des équipements de transmissions haut débit de technologie NG-DWDM, avec fourniture du câble fibre optique et équipement passif».
Cette volonté d’indépendance de Mobilis, Algérie Telecom, la maison-mère, ne l’accepte pas. Jusqu’à présent, c’est elle qui fournit à l’opérateur de téléphonie mobile les capacités télécoms sur fibre optique dont elle a besoin. Si cette relation commerciale s’achève parce que Mobilis aura déployé sa propre infrastructure de fibre optique, c’est 8 millions de dollars de chiffre d’affaires par jour que perdra Algérie Telecom, révèle El Watan. Pour amortir cette importante perte financière, Azouaou Mehmel, le président directeur général d’Algérie Telecom a fait savoir à l’Union générale des travailleurs d’Algérie (UGTA) qu’il serait alors contraint de réduire les effectifs de l’entreprise de plusieurs milliers de personnes. Pour éviter une telle situation et d’autres désagréments qui pourraient survenir de l’émancipation de Mobilis, plusieurs rencontres ont eu lieu dans le gouvernement. Elles ont eu comme effet le report par deux fois, par Sâad Damma (photo), le président directeur général de Mobilis, de la date de dépôt des offres de l’appel.Si El Watan considère qu’à travers cette bataille les patrons d’Algérie Telecom et de Mobilis ne font que leur travail pour préserver les intérêts des entreprises qu’ils dirigent, le journal critique vertement l’absence du ministère des Postes et technologie de l’information et de la communication à apporter des solutions d’arbitrage pour résoudre ce problème. Il s’en prend à Zohra Derdouri, la ministre qui, en 2013, alors qu’elle était directrice générale de l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp), aurait fait du lobbying pour bloquer la loi sur les TIC de son prédécesseur Moussa Benhamadi. « Conséquence, les instruments juridiques sont absents pour préserver les intérêts de l’opérateur historique, tout en permettant à Mobilis de faire face à la concurrence », déplore El Watan.
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.