(Agence Ecofin) - Le challenge que la SNI avait fixé à Frédéric Debord, en 2009, suite à l’octroi d’une licence 2G (GSM) était audacieux : il s’agissait de conquérir une place de choix sur le marché du mobile marocain, déjà bien couvert par le puissant opérateur historique Maroc Telecom, alors contrôlé par le groupe Vivendi, et son challenger Meditel, adossé aux groupes Telefonica, Portugal Telecom et FinanceCom.
Avant cela, l’entreprise n’était positionnée que sur le fixe, sous la marque Wana. Avec l’arrivée de Frédéric Debord à la direction générale, l’opérateur est passé sous la marque Inwi et a fait le choix de l’indépendance en investissant jusqu’à fin 2012, plus de 8 milliards de dirhams (728 millions €) pour déployer son propre réseau, puis en signant dans la foulée une nouvelle convention avec le gouvernement, pour un investissement complémentaire de 4,3 milliards de dirhams : « Ces investissements lourds étaient et restent nécessaires pour que Inwi soit maître de son destin. Ils participent également au renforcement de l’infrastructure télécoms nationale, et donc augmentent l’attractivité et la compétitivité de l’économie marocaine », affirme Frédéric Debord qui, fort de ses 4200 sites, peut se prévaloir aujourd’hui de couvrir 94% de la population marocaine et de faire jeu égal avec ses concurrents aînés, voire mieux : lors des récentes intempéries dans la région de Guelmim, Inwi a été le seul réseau capable d’assurer la continuité de service.
Toutefois, pour Inwi, les premiers pas n’ont pas toujours été faciles. Et au sein d’un grand groupe qui compte des fleurons comme le réseau bancaire Attijariwafa Bank et les supermarchés Marjane, l’opérateur mobile balbutiant a longtemps traîné l’image du vilain petit canard de la SNI… Mais le DG a tenu bon et, fort du soutien de Mounir Majidi, le Président de la holding royale Siger, il a joué la carte de l’innovation et de la jeunesse : en 4 ans, Inwi a ainsi enchaîné les premières au Maroc : premier sur le paiement à la seconde, sur le Blackberry sans abonnement, sur le wifi outdoor. Premier encore sur le Facebook sans Internet, sur le forfait 100% illimité et, tout récemment, sur le don de smartphones aux abonnés fidèles… En conservant toujours un coup d’avance sur ses aînés, le jeune opérateur a également gagné la confiance de nombreux clients entreprises, et particulièrement ceux des zones économiques telles que CasaNearshore ou Rabat Technopolis : «Nos solutions ont réussi à convaincre des millions de particuliers et d’entreprises. Du coup, le nouvel entrant du marché des télécommunications est vite devenu un opérateur de référence et un opérateur à l’avant garde de l’innovation technologique utile » confirme le DG.
Né il y a 4 ans, Inwi sert aujourd’hui 12,2 millions de clients mobile, soit plus de 28,11 % de parts de marché, et a réalisé en 2013 un chiffre d’affaires de 6,2 milliards de dirhams (563 millions €). Mais surtout, l’opérateur a gagné l’adhésion d’une clientèle jeune et friande de nouvelles technologies, ce qui, dans un pays où 45% de la population a moins de 25 ans, représente une sérieuse option sur l’avenir. « Nous nous engageons à démocratiser l’accès aux solutions télécoms les plus innovantes. Nos solutions, offres et packages sont toutes conçues dans cet esprit. Et les résultats sont là. D’abord au niveau du marché où tous nos concurrents ont dû s’aligner sur nos partis pris. Mais aussi sur la vie quotidienne. Aujourd’hui un Marocain parle 4 fois plus au téléphone qu’il y a cinq ans. Et ils sont 4 fois plus nombreux à aller sur internet via leur mobile.», estime M. Debord.
C’est ainsi que depuis quatre ans, le jeune opérateur multiplie les distinctions, tant aux Morocco Awards, où l'entreprise a été jugée la plus innovante dans les services en 2011 et 2013, qu’au forum Africa Télécom People, où elle a remporté le titre de meilleur opérateur en Afrique du Nord en 2013 et meilleur opérateur de données en 2012. Sans compter les récompenses aux Top Com Awards,Mena Cristal Festival ou Med IT.
En conséquence, début 2014, le groupe koweitien Zain, actionnaire minoritaire d’Inwi exprimait, par la voix de son PDG Scott Gegenheimer, sa satisfaction et son désir d’augmenter son niveau de participation dans le capital : « L’entreprise est très bien gérée » a-t-il confié à Arabian Business.
Quant à l’avenir, Inwi le voit essentiellement dans la data et dans un développement international, probablement africain. Pour son DG, Frédéric Debord, la prochaine bataille continentale se jouera sur le haut débit et la démocratisation d’internet. L’entreprise, qui vient justement d’inaugurer son nouveau data center aux normes internationales TIER III, a déjà commencé à mettre son savoir faire internet au service de la société civile. Ainsi, en partenariat avec le ministère marocain de l’éducation, Inwi a mis en place une plateforme de e-learning pour les élèves marocains du primaire et du collège. Un succès fulgurant qui offre à des milliers d’enfants marocains un soutien scolaire gratuit et de qualité dans l’apprentissage de l’arabe, du français, des mathématiques ou encore de l’éveil scientifique (voir www.e-madrassa.ma).
Quant au développement international, pour Frédéric Debord, il y a encore la place dans plusieurs pays africains, pour un opérateur alternatif, plus innovant, plus souple et plus dynamique, capable de challenger les deux ou trois gros opérateurs leaders qui se partagent généralement les marchés nationaux sans trop de soucis.… jusqu’à ce qu’Inwi arrive.
Dominique Flaux
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