(Agence Ecofin) - Dans un entretien accordé au journal marocain L’Economiste, Nadia Fassi Fehri (photo), la présidente directrice générale de l’opérateur de téléphonie mobile Inwi, est revenue sur la mise en demeure adressée à Maroc Telecom au sujet du dégroupage. Pour la patronne du 3ème opérateur télécoms en termes de parts de marché, le blocage du dégroupage par l’opérateur historique a fait perdre au secteur télécoms marocain «plusieurs années de concurrence et d’opportunités de développement de l’économie numérique ».
Nadia Fassi Fehri déplore le fait qu’à cause des pratiques anticoncurrentielles de Maroc Telecom dans le dégroupage, le pays qui a été précurseur en matière de télécoms soit aujourd’hui l’un des rares où l’opérateur historique détient encore 99,9% du marché du fixe et de l’ADSL. Conséquence de cette situation, « moins d’1 million de foyers sur plus de 6 millions sont raccordés au réseau ADSL. Le consommateur marocain est privé de son droit de choisir librement son fournisseur d’accès, avec des répercussions regrettables sur la qualité de service », regrette la Pdg d’Inwi.
Le dégroupage, pour Nadia Fassi Fehri, « n’est pas une option mais une nécessité ». Elle explique qu’à travers cette obligation réglementaire, décidée par l’Autorité nationale de réglementation des télécommunications (Anrt) depuis 2007, les concurrents évitent de dépenser de l’argent à perte. Ils n’ont plus à dupliquer la boucle locale de cuivre qui existe déjà, à effectuer des travaux d’aménagement urbains et l’installation de prises supplémentaires dans les foyers. De plus, l’accès à la boucle locale n’est pas gratuit. « Partout dans le monde, c’est d’ailleurs une source de revenus récurrente pour les opérateurs historiques », a défendu la Pdg d’Inwi.
Pour Nadia Fassi Fehri, la saisine de l’Anrt au sujet du dégroupage est un appel à «constater les pratiques discriminatoires et anticoncurrentielles dont nous faisons l’objet, notamment des délais plus longs pour le raccordement, des coûts plus élevés et une qualité de service moindre (…) Nous demandons à l’ANRT de trouver les moyens opérationnels et coercitifs nécessaires pour astreindre Maroc Telecom à cesser ses pratiques et à permettre une ouverture effective du marché ».
Muriel Edjo
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