(Agence Ecofin) - Au Cameroun, trois journalistes sont inculpés devant le Tribunal militaire de Yaoundé. Motif : « courant juillet-août 2014, en temps de paix, n'avoir pas averti les autorités militaires administratives ou judiciaires de toute activité de nature à nuire à la défense nationale ». Voilà ce qui est écrit sur la citation servie par voie d’huissier à chacun de ces professionnels.
Il s’agit de Rodrigue Tongue (photo à gauche), coordonateur de la rédaction du quotidien Le Messager à Yaoundé, Félix Cyriaque, Ebole Bola, employé au quotidien Mutations et président du Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc), enfin Baba Wame, devenu enseignant de journalisme.
Tous trois sont attendus ce 28 octobre 2014 devant la juge d’instruction militaire, la chef d’escadron Aline Mbia Ondoua, pour être entendus comme inculpés. En principe, une information judiciaire sera ouverte contre eux. Au bout de celle-ci, la magistrate judiciaire devrait décider s’ils seront poursuivis libres ou en détention.
Les trois journalistes sont accusés dans le cadre de l’affaire du notaire, Me Abdoulaye Harissou, et du leader de parti politique, Aboubakar Siddiki, tous deux accusés d’« outrage au président de la république », « révolution contre la patrie et hostilité »,« complicité d’assassinat » et « port et détention illégale d’armes de guerre ». Me Harissou est détenu à la prison centrale de Yaoundé. Il lui est globalement reproché un complot contre l’Etat du Cameroun et une tentative de déstabilisation.
Plusieurs sources sécuritaires et judiciaires indiquent que Me Harissou a fait remettre des documents à Rodrigue Tongue et Félix Cyriaque Ebole Bola, par le biais de Baba Wame. Des documents jugés « litigieux » qui devaient être exploités. Mais il reste difficile à dire si les journalistes les ont effectivement utilisés. Aussi faut-il déterminer en quoi ces documents menaçaient la sécurité de l’Etat. En tout cas, les journalistes sont sous le coup des articles 74 et 107 du Code pénal camerounais qui obligent tout citoyen à communiquer aux autorités toute information susceptible de nuire à la sécurité de l’Etat ou de la préserver. « Je suis présenté comme inculpé. Je ne sais pas de quoi il s’agit. J’ai rencontré Me Harissou une seule fois au début des années 2000 lorsque j’étais en couverture d’une assemblée générale des notaires. Je ne l’ai plus jamais rencontré. Je n’ai jamais rien reçu de lui », se défend M. Ebole Bola. Quant à Rodrigue Tongue, il affirme : « Je suis serein. Je ne me reproche de rien, d’autant plus que je ne reconnais pas les faits qui me sont reprochés. »
Assongmo Necdem
Lire aussi
12/09/2014 - Cameroun : le CNC appelle les médias au patriotisme dans la lutte contre Boko Haram
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.