(Agence Ecofin) - C’est ce 24 décembre 2014 que s’achève le délai de 14 jours donné à la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera, pour répondre à la plainte déposée auprès du Conseil kényan des médias. Cette instance a été saisie par le ministère de l’information, de la Communication et des technologies.
La plainte qui remonte au 10 décembre dernier, fait suite à un documentaire de la chaîne Al-Jazeera sur les escadrons de la mort au Kenya. La police kenyane est accusée d’avoir assassiné des centaines de terroristes présumés, sans procès équitable, ni décision de justice. Le documentaire donne la parole à des personnes qui appartiendraient à l’unité antiterroriste de la police kenyane. Ces « tireurs d’élite » affirment qu’ils se limitent à tirer, sans plus.
« Inexact, biaisé et diffamatoire », voilà les qualificatifs formulés par le gouvernement du Kenya, contre le documentaire d’Al-Jazeera. Si au 24 décembre prochain, la chaîne qatarie ne s’est pas expliquée, le Conseil kenyan des médias prendra la décision qu’il jugera bon, a prévenu le ministère de l’information et de la Communication.
Interrogée par le journal The Huffington Post, Clayton Swisher (photo), gestionnaire du journalisme d'investigation pour Al Jazeera, a dit que le média ne reculera pas. « Nous allons continuer à faire notre travail en toute indépendance. S’ils croient une seconde que leurs menaces nous feront capituler, ils devraient prendre note de notre couverture ailleurs dans le monde, notamment en Egypte », a dit Clayton Swisher. Il fait ainsi allusion aux 3 journalistes d’Al-Jazeera condamnés à des peines de prison en Egypte à cause de leur couverture sans complaisance de la crise de 2013.
Au Kenya, le Parlement vient d’adopter une loi antiterroriste. Le pays est engagé dans une lutte sans merci contre les terroristes Shebabs somaliens qui multiplient les attaques, avec à leur actif 67 morts lors d’une prise d’otages dans un centre commercial de Nairobi.
Pourtant, des mises en garde sont adressées au gouvernement kenyan par des organisations de défense des droits de l’Homme et certains Etats comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne. Ils craignent que la loi antiterroriste ne serve de prétexte pour limiter les libertés individuelles et la liberté de la presse. La porte-parole du département d'Etat américain, Jen Psaki, a publié une déclaration exprimant cette préoccupation.
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